Cedouble langage, nous l’avons dĂ©jĂ  observĂ© de nombreuses fois au MĂ©e. Il mine le climat en rendant impossible tout dĂ©bat de fond pour privilĂ©gier les oppositions de forme. C’est aussi pour cela que nous placerons notre action en 2018 en nous rĂ©fĂ©rant Ă  cette phrase de Jean JaurĂšs « Le courage, c’est de chercher la vĂ©ritĂ© et 31/05 Ă  13:18] ~Vladimir Poutine Jr ☝ : Le corrigĂ© : Sujet 1 :*Avons nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ?* *Introduction* *ProblĂ©matique :* la formulation du sujet peut Ă©tonner. La vĂ©ritĂ© Sujet Re: Avons-nous un devoir envers la vĂ©ritĂ©? Sam 2 DĂ©c 2006 - 18:39 Tu devrais commencer par chercher dans cet objet Ă©trange qu'on appelle un «livre». Sujet2 « Avons-nous le devoir de chercher la vĂ©ritĂ© ? » Le sujet conduit Ă  se questionner sur la notion de vĂ©ritĂ©, appartenant au domaine scientifique et ayant valeur de connaissance, et sur la notion de devoir, relevant du monde de la morale et portant sur l'existence. Cette rĂ©flexion soulĂšve une formulation contradictoire, car l LHomme peut-il se passer de chercher la VĂ©ritĂ© ? Bertrand VERGELY. PrĂ©sentation par Marie-JoĂ«lle Guillaume. J’ai l’honneur et le plaisir d’ouvrir notre annĂ©e acadĂ©mique 2021-2022 consacrĂ©e au thĂšme de la vĂ©ritĂ©. C’est un thĂšme magnifique, mais derriĂšre l’angle de vue gĂ©nĂ©ral que nous avons choisi se manifeste aussi l Dịch VỄ Hỗ Trợ Vay Tiền Nhanh 1s. PrĂ©tendre avoir fait le tour de la philosophie, c'est quand mĂȘme faire un appel Ă  l'ignorance. Je pense que la philosophie, comme c'est un domaine rationnel et qui est vouĂ© Ă  gĂ©rer des abstractions, est coincĂ©e dans les mĂȘme problĂšmes mathĂ©matiques ; en mathĂ©matiques, on a conscience de tous les problĂšmes Ă  rĂ©soudre sans les avoir toujours rĂ©solu - on sait qu'on n'en fera jamais le tour, et ce qui permet de savoir cela, c'est simplement la ligne directrice qui donne une sorte de cohĂ©rence universelle Ă  chaque postulat, chaque Ă©quation tout peut ĂȘtre rattachĂ© Ă  tout alors mĂȘme que dans le fond ça n'a peut-ĂȘtre rien Ă  voir. La philosophie est un domaine beaucoup trop brumeux car elle a la seule base du langage et de la logique comme ligne directrice, chaque concept est incernable, puisqu'il a une frontiĂšre qui ne rend jamais quantifiable l'intĂ©gralitĂ© de la pensĂ©e. Chaque pas en avant n'a aucune identitĂ© sur un territoire dont tu n'as qu'une idĂ©e trĂšs vague de ses y a mille façons d'interprĂ©ter un concept et d'en tirer toute une cohĂ©rence - c'est peut-ĂȘtre une prise de position un peu trop facile puisqu'on ne peut pas la contre-argumenter sa vĂ©racitĂ© Ă©tant basĂ©e sur une absence, mais je pense qu'elle a le mĂ©rite d'ĂȘtre Ă  demi vĂ©rifiable... Aristote n'aurait pas pu prĂ©voir Hegel...En revanche, la philosophie apprise au lycĂ©e est une arnaque. Elle est sans cesse dĂ©formĂ©e par le mythe populaire, et la tentative de l'Éducation Nationale de redresser le tableau souffre d'une incompĂ©tence dans le traitement du sujet... tout est trop formel pour la philosophie. Chaque concept, chaque pensĂ©e est apprise comme une entitĂ© mĂ©morielle, la part critique de chaque oeuvre ou thĂ©orie est fondĂ©e sur un exploration et une remise en question systĂ©matiquement faite par le "corps enseignant" cĂ d dans la dichotomie Ă©lĂšve/prof, toute rĂ©flexion vient du parti du professeur, puisqu'on considĂšre que la rĂ©flexion de l'Ă©lĂšve ne puisse valoir celle des "grands philosophes"... en tout cas c'est le portrait que j'en tire Ă  cause de ma professeure de philosophie et elle n'est pourtant pas mauvaise... je suppose qu'il n'y a qu'une minoritĂ© de professeurs qui puisse proprement restituer la vraie part philosophique du cours sans se faire Ă©gratigner par le scolaire...Donc voir la philosophie en tant qu'elle est "une discipline scolaire", si c'est comme ça que le mythe la dĂ©peint, le mythe est doublement on veut partir du point de l'importance de la philosophie actuellement... je n'en sais vraiment rien. Peut-ĂȘtre que la structure populaire de l'Ă©poque l'Ă©loigne des intellectuels pour la rapprocher d'une certaine idĂ©e mass-mĂ©diatique ? C'est ce qu'on peut observer, mais je n'ai aucune idĂ©e de l'indĂ©pendance de la population d'il y a un siĂšcle, aprĂšs tout... et ça serait difficile Ă  prouver mĂȘme par une Ă©tude...De toute Ă©vidence, je trouve la philosophie un peu absente actuellement, on ne vit pas vraiment dans un monde oĂč ce genre de chose puisse ĂȘtre une prioritĂ©, dans un siĂšcle, qui sait ? Je ne sais pas comment tout ça va s'arranger, en tout cas la structure actuelle n'y est pas propice. Elle est dans une sorte de contingence entre l'absence et la prĂ©sence... peut-ĂȘtre endormie ?Il faudrait Ă©viter de penser que tout ce que l'on a dĂ©jĂ  dit peut ĂȘtre rapportĂ© Ă  une Ă©ventuelle thĂ©orie dĂ©jĂ  dite, dĂ©jĂ  Thomas More ya des siĂšcles disait dĂ©jĂ  “An absolutely new idea is one of the rarest things known to man.” Une idĂ©e absolument nouvelle est l'une des plus rares choses qui soient connues de l'homme. Il serait peut-ĂȘtre plus judicieux de ne simplement pas chercher la nouveautĂ©, et garder ses prĂ©tentions personnelles hors d'un but purement philosophique, je pense que travailler Ă  faire naĂźtre une nouvelle thĂ©orie ne peut mener de toute façon qu'Ă  rater sa cible... et ça rend la tentative piteuse...Philosopher uniquement pour remplir un besoin personnel de rationalitĂ©, avoir des intentions uniquement innocentes dans ce genre, c'est le moyen le plus efficace d'aider la philosophie les nouvelles idĂ©es viendront peut-ĂȘtre ou pas en laissant la philosophie remplir un besoin et mener cette plĂ©nitude Ă  fond, cela peut Ă©ventuellement produire des "nouvelles idĂ©es" - de toute Ă©vidence, ça ne nous inscrit pas dans une passivitĂ©... puisque philosopher correctement s'entend ! c'est prĂ©server l'activitĂ© de l'esprit. Ça mĂšnera peut-ĂȘtre Ă  une nouvelle interprĂ©tation des choses, la philosophie ne peut pas ĂȘtre que ce qu'on en a dit jusqu'Ă  maintenant et cela se dĂ©couvre forcĂ©ment par un travail aussi personnel que critique...Il y a un certain seuil de rĂ©flexion Ă  atteindre, simplement pour se rendre compte, et ça se joue autant par un travail de l'esprit critique que de prĂ©server sa propre profondeur d'esprit, me semble. En tout cas, si on prĂ©serve la philosophie Ă  un stade tout Ă  fait personnel donc Ă©goĂŻste ! c'est une façon de penser libĂ©rale certes mais je la trouve valide, rien ne devrait poser certaine familiaritĂ© avec la philosophie par exemple, pas simplement l'approche acadĂ©mique que l'on peut en avoir en voyant les choses sous une nouvelle grille, on est susceptible d'ĂȘtre menĂ© Ă  diffĂ©rentes conclusions - d'oĂč l'intĂ©rĂȘt de voir la philosophie comme une chose personnelle, qu'on prend pour soi d'abord, et puis qu'on partage ensuite ; Ă©videmment...PS Whoah dĂ©solĂ© pour le post long, on se croirait sur PhiloForum... l'Ă©change de pavĂ©s c'est la raison pour laquelle j'ai jamais postĂ© lĂ -bas, j'espĂšre que vous serez capable de dire en 10 mots ce que l'on dit en 100, moi je n'y suis pas encore capable, mais ça viendra. RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© La rĂ©flexion spinoziste sur la vĂ©ritĂ© dĂ©gage deux propriĂ©tĂ©s de l’idĂ©e vraie – l’adaequatio et la convenientia – dont l’articulation exacte pose quelques difficultĂ©s d’interprĂ©tation. Le problĂšme principal consiste Ă  savoir si ces deux propriĂ©tĂ©s renvoient Ă  deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© qui s’opposent vĂ©ritĂ©-cohĂ©rence et vĂ©ritĂ©-correspondance ou Ă  deux aspects qui se complĂštent d’une façon harmonieuse dans une seule conception de la vĂ©ritĂ©. L’objectif de cet article est de prĂ©senter quelques remarques qui soutiennent la seconde option et Ă©clairent l’originalitĂ© de la conception spinoziste de la vĂ©ritĂ©. Haut de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1Dans cet article, je voudrais prĂ©senter quelques remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza. NĂ©anmoins, il faut d’abord prĂ©ciser que sous la rubrique problĂšme de la vĂ©ritĂ© », il se trouve en rĂ©alitĂ© un ensemble de questions distinctes bien qu’essentiellement liĂ©es entre elles. Par problĂšme de la vĂ©ritĂ© » on doit d’abord comprendre le problĂšme qui porte sur la dĂ©termination de la nature ou essence de la vĂ©ritĂ©. Il s’agit de rĂ©pondre Ă  la question 1 sur la signification du terme vĂ©ritĂ© ». Ensuite, il s’agit de poser les questions qui portent sur les conditions de possibilitĂ© de la vĂ©ritĂ©, c’est-Ă -dire de rĂ©pondre aux questions suivantes 2 Etant donnĂ©e la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, quelles conditions gĂ©nĂ©rales, du point de vue de l’absolu, doivent ĂȘtre remplies pour qu’il y ait des idĂ©es vraies ? 3 Ensuite, quelles conditions particuliĂšres doivent ĂȘtre remplies pour que nous, du point de vue de l’ñme humaine, ayons des idĂ©es vraies ? 4 Finalement, quelles conditions doivent ĂȘtre remplies pour que nous sachions que nous avons des idĂ©es vraies, c’est-Ă -dire pour que nous puissions reconnaĂźtre les idĂ©es vraies et les distinguer de celles qui sont fausses ? C’est le problĂšme du critĂšre de vĂ©ritĂ©. 2L’ordre des ces questions n’est pas fortuit. En effet, il semble bien que pour rĂ©pondre aux questions 2, 3 et 4, il nous faut d’abord rĂ©pondre Ă  celle qui porte sur la nature de la vĂ©ritĂ©, puisque c’est cette rĂ©ponse qui nous permettra de dĂ©terminer le sens prĂ©cis Ă  apporter aux mots vrai » et vĂ©ritĂ© » prĂ©sents dans ces questions. 3NĂ©anmoins, la liaison entre elles, surtout entre la premiĂšre et la derniĂšre, n’est pas dĂ©pourvue d’une certaine tension interne. Selon certains philosophes, par exemple Russell et Popper, nous devons distinguer soigneusement l’investigation qui porte sur la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© de celle qui concerne le critĂšre de vĂ©ritĂ©, et nous ne devons pas espĂ©rer que cette dĂ©finition nous apporte un critĂšre pour reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ© d’un jugement donnĂ©. Selon eux, la premiĂšre question est complĂštement indĂ©pendante de la derniĂšre. D’autres, par exemple les pragmatistes et Dummet, soutiennent que toute recherche sur le concept de vĂ©ritĂ© resterait vide si elle n’était pas susceptible de nous montrer comment nous pouvons reconnaĂźtre la vĂ©ritĂ© d’un jugement donnĂ©. Pour eux, la rĂ©ponse Ă  apporter Ă  la premiĂšre question dĂ©pend de la prise en considĂ©ration de l’exigence exprimĂ©e par la derniĂšre. 1 Il [Cherbury] examine ce que c’est que la vĂ©ritĂ© ; et pour moi, je n’en ai jamais doutĂ©, me sembl ... 4Mais que la question concernant la dĂ©termination de la nature de la vĂ©ritĂ© soit considĂ©rĂ©e comme un problĂšme », voilĂ  qui a quelque chose de problĂ©matique ou de paradoxal en soi. En effet, si nous ne savions pas d’emblĂ©e ce qu’est la vĂ©ritĂ©, comment pourrions-nous l’apprendre ? Quelles raisons aurions-nous d’accepter une certaine dĂ©finition parmi les diverses dĂ©finitions possibles ? Bref, comment trouverions-nous la vraie dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© ? Ce problĂšme a Ă©tĂ© posĂ© par Descartes dans une lettre bien connue adressĂ©e Ă  Mersenne le 16 octobre 1639. Descartes y affirme que la notion de vĂ©ritĂ© est si transcendantalement claire, qu’il est impossible de l’ignorer »1. Sa solution pour ce problĂšme consiste Ă  affirmer que nous avons une connaissance naturelle » de la notion de vĂ©ritĂ©, dĂ©finie nominalement par la conformitĂ© de la pensĂ©e avec l’objet. Pour lui, donc, le problĂšme de la vĂ©ritĂ© » renvoie essentiellement au problĂšme qui consiste Ă  trouver et Ă  fonder un critĂšre de vĂ©ritĂ©, le sens du terme vĂ©ritĂ© », quant Ă  lui, Ă©tant tout Ă  fait clair et naturellement donnĂ© Ă  l’esprit. 5On peut Ă©videmment accorder Ă  Descartes que si nous n’avions pas une comprĂ©hension naturelle du sens de la vĂ©ritĂ©, comprĂ©hension Ă  laquelle nous pouvons et devons faire appel pour nous guider dans notre investigation, nous resterions dans un vide conceptuel qui ne pourrait ĂȘtre rempli que par un choix arbitraire parmi les multiples dĂ©finitions possibles. NĂ©anmoins, on n’est pas forcĂ© de croire que cette connaissance naturelle soit aussi transcendantalement claire qu’elle semble l’ĂȘtre pour Descartes, ni non plus qu’elle Ă©puise le contenu du concept de vĂ©ritĂ©. On peut trĂšs bien soutenir que ce que nous connaissons naturellement de la vĂ©ritĂ© et que nous expliquons quid nominis, c’est-Ă -dire la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, ne porte que sur la propriĂ©tĂ© ou dĂ©nomination extrinsĂšque de l’idĂ©e vraie et que cette dĂ©finition, correspondant Ă  un niveau encore superficiel de la rĂ©flexion sur l’idĂ©e vraie, ne fournit que le point de dĂ©part pour une recherche plus approfondie sur la nature de la vĂ©ritĂ©. 6Tout se passe comme si cette dĂ©finition n’était qu’un instrument naturel premier, encore partiel et imparfait, Ă  l’aide duquel l’ñme, par un mouvement rĂ©flexif, pourrait progresser dans le sens d’un approfondissement de la comprĂ©hension de la forme de l’idĂ©e vraie. Or, cet effort rĂ©flexif, ce questionnement qui porte sur le concept mĂȘme de vĂ©ritĂ©, soit pour prĂ©ciser Ă  quoi il s’applique, soit pour en dĂ©gager d’autres dĂ©terminations que celle apportĂ©e par la dĂ©finition nominale, nous semble s’accorder avec la dĂ©marche effective de la pensĂ©e spinoziste. Tout au long de son Ɠuvre, du Court TraitĂ© et du TraitĂ© de la RĂ©forme de l’Entendement Ă  l’Éthique, Spinoza examine de façon critique la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, afin d’expliciter non seulement ses conditions de possibilitĂ©, mais aussi et surtout, de la complĂ©ter avec une propriĂ©tĂ© ou dĂ©nomination intrinsĂšque qui permette, d’une part, d’expliquer que nous puissions savoir avec certitude que nous avons des idĂ©es vraies, et, d’autre part, de fournir Ă  la perspective Ă©thique un principe explicatif de la supĂ©rioritĂ© interne du sage sur l’ignorant. 2 Cf. chap. XV, deuxiĂšme partie. GI/78 G » renverra toujours Ă  Spinoza Opera, Ă©d. Carl Gebhardt, 5 ... 7En effet, la simple correspondance entre la pensĂ©e et son objet n’est pas capable d’apporter une rĂ©ponse satisfaisante aux trois questions qui fournissent le fil conducteur de l’investigation spinoziste sur la vĂ©ritĂ©, et qui sont formulĂ©es de la façon suivante aussi bien dans le Court TraitĂ©2 que dans l’Éthique 3 Éthique II, Proposition XLIII, scolie. GII/124. Si une idĂ©e vraie, en tant qu’elle est dite seulement s’accorder avec ce dont elle est l’idĂ©e, se distingue d’une fausse, une idĂ©e vraie ne contient donc aucune rĂ©alitĂ© ou perfection de plus qu’une fausse puisqu’elles se distinguent seulement par une dĂ©nomination extrinsĂšque, et consĂ©quemment un homme qui a des idĂ©es vraies ne l’emporte en rien sur celui qui en a seulement des fausses ? Puis d’oĂč vient que les hommes ont des idĂ©es fausses ? Et enfin, d’oĂč quelqu’un peut-il savoir avec certitude qu’il a des idĂ©es qui conviennent avec leurs objets ?3 8Parmi ces trois questions, la premiĂšre, bien qu’étant sĂ»rement celle oĂč se manifeste la fin ultime qui dirige la pensĂ©e de Spinoza, ne nous concernera pas directement ici. Cela signifie que nous n’allons pas examiner les effets de l’exigence Ă©thique sur la dĂ©termination du concept de vĂ©ritĂ© chez Spinoza. Parmi les deux autres questions, c’est surtout celle concernant la possibilitĂ© de savoir avec certitude que nous avons des idĂ©es vraies qui doit retenir notre attention. En effet, celle-ci renvoie au problĂšme du critĂšre de vĂ©ritĂ© et c’est elle qui, dans un rapport de tension avec la dĂ©termination prĂ©alablement donnĂ©e de la nature de la vĂ©ritĂ©, met en marche l’approfondissement de la rĂ©flexion concernant la forme de l’idĂ©e vraie. 9La rĂ©ponse Ă  ces questions repose sur l’introduction de la dĂ©nomination intrinsĂšque de l’idĂ©e vraie, c’est-Ă -dire sur la notion spinoziste d’adaequatio. C’est cette notion qui permet d’expliquer que la vĂ©ritĂ© soit norme d’elle-mĂȘme et du faux, et qui exclut le recours Ă  une marque ou Ă  un signe extrinsĂšque qui serait nĂ©cessaire pour nous faire reconnaĂźtre cette vĂ©ritĂ© ; c’est elle qui fonde l’identification spinoziste entre l’idĂ©e vraie et la certitude et qui explique qu’une idĂ©e vraie ait plus de rĂ©alitĂ© qu’une fausse. 10L’investigation de Spinoza nous met ainsi devant deux aspects de l’idĂ©e vraie, l’un intrinsĂšque et l’autre extrinsĂšque. Tout le problĂšme consiste Ă  savoir si entre ces deux aspects il y a tension, contradiction ou complĂ©mentaritĂ© harmonieuse. Y a-t-il chez Spinoza deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© qui s’opposent ou deux aspects qui se complĂštent dans une conception consistante de la vĂ©ritĂ© ? La rĂ©ponse Ă  ces questions partage les interprĂštes du spinozisme. 11Certains soutiennent qu’il y a dans l’Éthique une coexistence harmonieuse entre la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance et celle de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence, liĂ©e Ă  la notion spinoziste d’adaequatio. Ainsi, R. Landim affirme 4 R. Landim, La notion de vĂ©ritĂ© dans l’Éthique de Spinoza », in Groupe de recherches spinozistes n ... Ces questions posĂ©es par la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© trouvent dans l’Éthique de Spinoza une rĂ©ponse aussi subtile qu’originale. Dans l’Éthique les deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ© coexistent. Si la vĂ©ritĂ© est en premier lieu correspondance, c’est par une sorte de cohĂ©rence que la vĂ©ritĂ© s’impose Ă  l’homme comme correspondance4. 12D’autres, comme F. AlquiĂ©, ont insistĂ© sur le caractĂšre conflictuel de cette coexistence. Il parle d’une certaine tension inhĂ©rente au concept spinoziste de la vĂ©ritĂ© », tension qui renvoie Ă  la difficultĂ© de concilier les trois affirmations suivantes 5 F. AlquiĂ©, Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ÉpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981, p. 212. [1] La vĂ©ritĂ© est intĂ©rieure Ă  la pensĂ©e, et se dĂ©finit, non par son rapport avec la chose, mais par une dĂ©nomination intrinsĂšque ; [2] la vĂ©ritĂ© est sa propre marque, son propre signe, et celui qui possĂšde une idĂ©e vraie ne peut douter de sa vĂ©ritĂ© ; [3] la vĂ©ritĂ©, malgrĂ© les deux caractĂšres prĂ©cĂ©dents, est accord de l’idĂ©e et de la chose5. 6 Ce sont ceux, comme S. Hampshire ou H. Joachim, qui considĂšrent que Spinoza soutient exclusivement ... 7 Ce sont ceux, comme E. Curley ou J. Bennett, pour lesquels Spinoza adopte exclusivement la concepti ... 13D’autres encore, face Ă  cette tension et dĂ©sespĂ©rant de la rĂ©soudre, ont choisi de la supprimer en privilĂ©giant exclusivement soit les passages de Spinoza qui vont dans le sens de deux premiĂšres affirmations, interprĂ©tĂ©es comme exprimant une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence6, soit les passages qui vont dans le sens de la derniĂšre affirmation, assimilĂ©e Ă  la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance7. 14Bien entendu, le procĂ©dĂ© qui consiste Ă  supprimer la tension par l’élimination d’un de ses termes n’est pas lĂ©gitime ici. Il le serait si l’on pouvait montrer que ces affirmations renvoient Ă  des moments diffĂ©rents de la pensĂ©e de l’auteur, c’est-Ă -dire si l’on pouvait dissoudre la tension dans la considĂ©ration de l’évolution de la pensĂ©e de Spinoza. Mais tel n’est pas le cas puisque cette tension est prĂ©sente aussi bien dans le Court TraitĂ©, que dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement et dans l’Éthique. Ainsi, ou bien il est possible de rĂ©soudre conceptuellement cette tension, ou bien il faut avouer qu’elle renvoie Ă  une conception incohĂ©rente de la vĂ©ritĂ©. 8 En particulier, il n’est pas possible de dĂ©velopper ici l’analyse dĂ©taillĂ©e de la notion d’idĂ©e adĂ© ... 15Dans cette Ă©tude, mon objectif est de prĂ©senter quelques remarques qui permettent de soutenir la premiĂšre de ces deux options. Il me semble qu’il n’y a pas nĂ©cessairement d’exclusion mutuelle entre la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence et celle de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, mais plutĂŽt un rapport de complĂ©mentaritĂ©. J’essaierai de montrer que l’originalitĂ© de Spinoza consiste prĂ©cisĂ©ment Ă  supprimer cette fausse opposition et Ă  faire de l’adaequatio et de la convenientia deux aspects complĂ©mentaires du concept de vĂ©ritĂ©. L’idĂ©e vraie, pour ĂȘtre pleinement vraie, doit satisfaire Ă  une double condition ĂȘtre adĂ©quate cohĂ©rente et s’accorder avec son objet. Sans pouvoir examiner ici la totalitĂ© des aspects enveloppĂ©s dans cette question8, je prĂ©tends seulement indiquer quelques Ă©lĂ©ments qui, permettant d’éliminer la tension signalĂ©e par F. AlquiĂ©, rendent possible cette complĂ©mentaritĂ© et illuminent l’originalitĂ© de la rĂ©flexion spinoziste sur la nature de la vĂ©ritĂ©. Qu’il y a un rapport de complĂ©mentaritĂ© entre adaequatio et convenientia 9 Éthique I, axiome VI. 16Il faut remarquer avant tout que Spinoza ne prĂ©sente pas dans l’Éthique, ni dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement, une dĂ©finition en bonne et due forme et explicite de la vĂ©ritĂ©. Dans l’Éthique, la traditionnelle dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© n’est pas prĂ©sentĂ©e sous forme de dĂ©finition, mais sous forme d’axiome l’idĂ©e vraie doit debet s’accorder convenire avec son idĂ©at »9. On ne doit pas penser que la substitution de l’énoncĂ© sous forme d’axiome Ă  l’énoncĂ© dĂ©finitionnel soit gratuite. En effet, les dĂ©finitions portent sur l’essence des choses et sur leurs affections, tandis que les axiomes concernent surtout les relations entre les choses. Ainsi, la mise en forme axiomatique de la dĂ©finition nominale vise Ă  indiquer que celle-ci ne porte que sur la relation extrinsĂšque de l’idĂ©e vraie Ă  l’objet, sans nous renseigner en quoi consiste l’idĂ©e vraie prise en elle-mĂȘme. 10 Je ne reconnais aucune diffĂ©rence entre l’idĂ©e vraie et l’idĂ©e adĂ©quate, sinon que le mot “vraie” ... 17C’est dans l’Éthique II, dĂ©finition IV, que Spinoza considĂšre l’idĂ©e vraie par sa propriĂ©tĂ© intrinsĂšque, c’est-Ă -dire par son adĂ©quation J’entends par idĂ©e adĂ©quate une idĂ©e qui, en tant qu’on la considĂšre en elle-mĂȘme, sans relation Ă  l’objet, a toutes les propriĂ©tĂ©s ou dĂ©nominations intrinsĂšques d’une idĂ©e vraie. Explication Je dis intrinsĂšques pour exclure celle qui est extrinsĂšque, Ă  savoir, l’accord de l’idĂ©e avec l’objet dont elle est l’idĂ©e ». Que l’adaequatio et la convenientia soient deux propriĂ©tĂ©s distinctes et complĂ©mentaires d’une seule et mĂȘme idĂ©e, c’est ce que Spinoza affirme clairement dans la lettre 60 Ă  Tchirnhaus10. IdĂ©e adĂ©quate » et idĂ©e vraie » sont deux dĂ©nominations distinctes pour dĂ©signer une seule et mĂȘme idĂ©e, selon que nous considĂ©rons cette idĂ©e unique soit dans sa nature, abstraction faite de son rapport Ă  l’objet, soit dans son rapport Ă  l’objet. Voyons donc ce qui rend possible cette complĂ©mentaritĂ©. 18Je prendrai comme fil conducteur de mon analyse le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement Quant Ă  ce qui constitue la forme du vrai, il est certain que la pensĂ©e vraie ne se distingue pas seulement de la fausse par une dĂ©nomination extrinsĂšque, mais surtout par une dĂ©nomination intrinsĂšque. 19L’emploi de l’adverbe surtout » dans ce passage marque nettement la primautĂ© de la dĂ©nomination intrinsĂšque par rapport Ă  l’extrinsĂšque, mais l’affirmation de la subordination de cette derniĂšre Ă  la prĂ©cĂ©dente n’équivaut pas Ă  l’affirmation de son exclusion au profit de la premiĂšre. NĂ©anmoins, les exemples donnĂ©s ensuite par Spinoza semblent aller dans le sens d’une vĂ©ritable exclusion. En effet, il poursuit 11 GII/26. Si un ouvrier conçoit un ouvrage avec ordre, bien que cet ouvrage n’ait jamais existĂ© et mĂȘme ne doive jamais exister, sa pensĂ©e est nĂ©anmoins vraie que l’ouvrage existe ou non, cette pensĂ©e est la mĂȘme. Et au contraire, si quelqu’un dit, par exemple, que Pierre existe, sans savoir cependant que Pierre existe, sa pensĂ©e, par rapport Ă  lui, est fausse, ou, si l’on prĂ©fĂšre, n’est pas vraie, quoique Pierre existe effectivement. Et cette proposition Pierre existe, n’est vraie qu’en ce qui concerne celui qui sait avec certitude que Pierre existe11. 20Le deuxiĂšme exemple affirme clairement que le simple accord entre une affirmation et l’état de choses auquel elle renvoie n’est pas une condition suffisante pour qu’elle soit vraie, tandis que le premier exemple semble aller plus loin et affirmer qu’il n’est pas non plus une condition nĂ©cessaire de la vĂ©ritĂ©, puisque le plan conçu par l’ouvrier est dit vrai » indĂ©pendamment de l’existence de son objet. 12 Cf. Éthique I, Proposition VIII, scolie 2 ; Éthique II, Proposition VIII ; Éthique V, Proposition X ... 13 Selon Spinoza, le contraste entre l’existence Ă©ternelle et l’existence temporelle n’est pas un cont ... 14 Cf. les § 41, § 42, § 85, § 91 et § 99. 15 Cf. Éthique II, Propositions XXXII et XXXIV ; Proposition XLI, dĂ©monstration ; Proposition XLIII, d ... 21NĂ©anmoins, il est possible d’interprĂ©ter le premier exemple, Ă  la lumiĂšre de certaines thĂšses mĂ©taphysiques soutenues par Spinoza dans l’Éthique12, comme affirmant simplement que la vĂ©ritĂ© d’une pensĂ©e construite d’une façon ordonnĂ©e ne dĂ©pend pas de son accord avec quelque chose qui existe dans la durĂ©e, sans que cela signifie qu’elle ne s’accorde avec une essence Ă©ternelle contenue dans un attribut de Dieu. En effet, Ă©tant donnĂ© que le nĂ©cessitarisme de Spinoza entraĂźne que tout ce qui est concevable possĂšde un certain type d’actualitĂ© extra-mentale, il est lĂ©gitime d’affirmer qu’il n’y a pas d’idĂ©e vraie qui ne s’accorde avec un objet douĂ© d’actualitĂ©, que cette actualitĂ© soit l’existence temporelle de la chose ou l’existence Ă©ternelle de son essence13. Toute idĂ©e vraie a donc une portĂ©e existentielle et une dĂ©nomination extrinsĂšque. Cette lecture permet de maintenir la prĂ©sence constante de la dĂ©nomination extrinsĂšque de l’idĂ©e vraie indiquĂ©e au dĂ©but du § 69, affirmĂ©e dans d’autres paragraphes du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement14 et dans plusieurs passages de l’Éthique15. 16 Cf. ibid., Proposition XLIII, scolie. 22Parmi les deux dĂ©nominations de l’idĂ©e vraie, c’est surtout l’intrinsĂšque qui constitue la forme du vrai. C’est elle, en effet, qui permet de considĂ©rer l’idĂ©e vraie comme ayant plus de rĂ©alitĂ© ou de perfection interne qu’une idĂ©e fausse, et qui permet d’affirmer qu’il y a entre l’idĂ©e vraie et la fausse la mĂȘme relation qu’entre l’ĂȘtre et le non ĂȘtre16. C’est Ă  elle que le § 70 du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement se rĂ©fĂšre quand il affirme qu’il y a dans les idĂ©es quelque chose de rĂ©el par quoi les vraies se distinguent des fausses », ce quelque chose de rĂ©el » consistant dans la possession effective d’un savoir concernant ce qu’on affirme. Cela lie indissolublement, comme nous le verrons par la suite, le concept spinoziste de vĂ©ritĂ© au concept de savoir. Comment ce rapport de complĂ©mentaritĂ© est-il possible ? 17 Bien que la substitution de l’énoncĂ© dĂ©finitionnel par l’axiomatique ne soit pas dĂ©pourvue d’import ... 23Si la vĂ©ritĂ© de l’idĂ©e vraie Ă©tait rĂ©duite Ă  la dimension extrinsĂšque, il semble bien que nous serions contraints d’adopter l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, selon laquelle une idĂ©e est vraie parce qu’elle s’accorde Ă  son Dans ce cas, c’est l’objet qui rend l’idĂ©e vraie, c’est la prĂ©sence d’une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure qui est la norme de la vĂ©ritĂ© de l’idĂ©e. On voit bien que cela est tout Ă  fait contraire Ă  la thĂšse spinoziste selon laquelle la vĂ©ritĂ© est norme d’elle mĂȘme et du faux », et qu’ainsi, celle-ci ne pouvant pas ĂȘtre fondĂ©e sur la dĂ©nomination extrinsĂšque de l’idĂ©e vraie et la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© Ă  elle attachĂ©e, elle devra ĂȘtre fondĂ©e sur la dĂ©nomination intrinsĂšque de l’idĂ©e vraie. L’adaequatio devra fournir un aspect complĂ©mentaire Ă  la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© qui fonctionne aussi comme norme de la vĂ©ritĂ©. 24Si je dis aspect complĂ©mentaire », c’est pour souligner encore une fois que cela ne signifie pas qu’il faille exclure la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©. Celle-ci affirme simplement que l’idĂ©e vraie s’accorde Ă  son objet. Elle ne prĂ©cise pas en quoi consiste cet accord ni non plus quel est, parmi les termes en rapport, celui qui rend l’idĂ©e vraie. L’interprĂ©tation rĂ©aliste de cette dĂ©finition va plus loin parce qu’elle affirme que c’est exclusivement Ă  l’objet qu’il appartient la fonction de rendre l’idĂ©e vraie. On peut nĂ©anmoins maintenir cette dĂ©finition tout en excluant l’interprĂ©tation rĂ©aliste. Dans ce cas, il faudra dire que l’idĂ©e vraie, Ă©tant intrinsĂšquement vraie adĂ©quate, doit s’accorder avec son objet, c’est-Ă -dire doit avoir aussi la dĂ©nomination extrinsĂšque. Seule l’exclusion de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale peut rendre compatible les deux aspects de l’idĂ©e vraie. 25Ces considĂ©rations permettent d’avancer dans la comprĂ©hension de l’emploi du mot debet » dans la formulation de l’axiome VI de l’Éthique I. D’aprĂšs ce qui a Ă©tĂ© dit, cet axiome doit ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme l’équivalent de la formule suivante 261 Si une idĂ©e est vraie intrinsĂšquement vraie, adĂ©quate, alors elle s’accorde nĂ©cessairement avec son objet ». 27Et non comme l’équivalent de la formule suivante 282 Si une idĂ©e s’accorde avec son objet, alors elle est nĂ©cessairement vraie ». 18 TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement, tr. A. KoyrĂ©, J. Vrin, Paris, 1984, note 69, p. 107. 29Cela veut dire que si une idĂ©e vraie s’accorde avec son objet, elle le fait, comme le dit A. KoyrĂ©, vi propria ; elle s’y accorde parce qu’elle est vraie et non inversement »18. Le mot debet » exprime le fait, pour la dĂ©nomination extrinsĂšque, d’ĂȘtre une consĂ©quence nĂ©cessaire de la puissance intrinsĂšque de la pensĂ©e vraie. Cela signifie que, dans le rapport de complĂ©mentaritĂ© entre convenientia et adaequatio, il y a subordination de la premiĂšre Ă  la seconde. 30Cette lecture, qui exclut le caractĂšre rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale, peut ĂȘtre renforcĂ©e par l’analyse du deuxiĂšme exemple donnĂ© dans le § 69, qui concerne l’affirmation de l’existence de Pierre. Selon ce passage, la simple rencontre fortuite entre un Ă©tat de choses et l’affirmation qui le reprĂ©sente n’est pas une condition suffisante pour que cette affirmation puisse ĂȘtre qualifiĂ©e de vraie. La simple existence fortuite de l’état de choses affirmĂ© ne rend pas l’idĂ©e vraie. Par contre, cette mĂȘme affirmation, faite par celui qui sait avec certitude que Pierre existe », c’est-Ă -dire liĂ©e Ă  une idĂ©e adĂ©quate qui porte en soi la totalitĂ© des causes ou raisons de ce qu’on affirme, recevra lĂ©gitimement ce prĂ©dicat. Seule une affirmation connectĂ©e au systĂšme de raisons qui la justifient peut ĂȘtre vraie. 19 GII/124. 31Ainsi, pour Spinoza, il n’y a de proposition vraie sur une chose que si elle consiste dans un savoir certain sur cette chose. Dans la connaissance vraie, il y a un rapport indissociable entre ce qui est affirmĂ© et les raisons par lesquelles cela est affirmĂ©, ce qui conduit Spinoza Ă  soutenir, dans l’Éthique II, Proposition XLIII, scolie, qu’ avoir une idĂ©e vraie ne signifie rien, sinon connaĂźtre une chose parfaitement ou le mieux possible »19. 32 Parfaitement ou le mieux possible » dĂ©signe la forme par laquelle la chose est connue, le processus d’engendrement de la connaissance. Et dĂšs lors que ce processus ne reste pas Ă©tranger Ă  la vĂ©ritĂ© de l’affirmation Ă  laquelle il conduit, mais fait partie intĂ©grante de la signification mĂȘme de sa vĂ©ritĂ©, il n’est pas possible qu’une affirmation soit vraie si elle est dĂ©pourvue de cette forme, si donc elle n’est pas la connaissance parfaite de son objet. L’indissociabilitĂ© entre l’opĂ©ration rationnelle qui fonde et justifie une certaine affirmation et la vĂ©ritĂ© de cette affirmation, l’immanence du processus dĂ©monstratif Ă  la vĂ©ritĂ©, signifie que le rejet de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale s’accompagne, chez Spinoza, de l’exclusion consĂ©cutive de ce que M. Dummett a appelĂ© de principe de connaissance », selon lequel un Ă©noncĂ© peut ĂȘtre vrai mĂȘme si l’on ne peut pas connaĂźtre ce qui le rend vrai ». Spinoza soutient ainsi une certaine conception Ă©pistĂ©mique de la vĂ©ritĂ©. 20 Pour cette interprĂ©tation de M. Dummett, voir R. Landim A interpretação realista da definição n ... 33Le rĂ©alisme, selon Dummett, peut ĂȘtre caractĂ©risĂ© par la conjonction du principe de correspondance » si un Ă©noncĂ© est vrai il doit y avoir quelque chose en vertu de laquelle il est vrai » ; du principe de bivalence » tout Ă©noncĂ© est vrai ou faux d’une maniĂšre dĂ©terminĂ©e » ; et du principe de connaissance » si un Ă©noncĂ© est vrai, il doit ĂȘtre, en principe, possible de connaĂźtre qu’il est vrai ». Or, dans la mesure oĂč les limites de la connaissance humaine ne dĂ©terminent pas les limites de toute connaissance possible, ce principe peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme affirmant que quelque chose peut rendre vrai un Ă©noncĂ© sans que nous puissions l’identifier. Il peut, par consĂ©quent, ĂȘtre reformulĂ© de la façon suivante les conditions de vĂ©ritĂ© d’un Ă©noncĂ© peuvent ĂȘtre remplies indĂ©pendamment de notre capacitĂ© de savoir si elles sont ou non remplies ». Le rĂ©alisme, ainsi caractĂ©risĂ©, Ă©tablit une nette sĂ©paration entre le fait pour un Ă©noncĂ© d’ĂȘtre vrai et les raisons qui permettent de le considĂ©rer comme tel, puisqu’il est possible qu’un Ă©noncĂ© soit vrai et qu’on ne puisse pas le dĂ©montrer20. Nous voyons ainsi que le rejet spinoziste de cette sĂ©paration, prĂ©sent dans le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement, s’accorde bien avec son rejet de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©. 21 Éthique II, Proposition III. 22 Ibid, Proposition VI, corollaire. 23 Cette inspiration est nettement prĂ©sente dans la thĂ©orie de la dĂ©finition gĂ©nĂ©tique formulĂ©e dans l ... 34Il faut nĂ©anmoins souligner que l’exclusion de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© ne fait pas de Spinoza un idĂ©aliste. D’aprĂšs lui, jamais l’ĂȘtre des choses ne se rĂ©duit au fait pour elles d’ĂȘtre pensĂ©es. MĂȘme si tout ce qui existe est nĂ©cessairement l’objet d’une idĂ©e en Dieu21, ce n’est pas cela qui constitue l’ĂȘtre formel de l’objet, car Spinoza exclut catĂ©goriquement l’hypothĂšse d’un entendement crĂ©ateur22. Sa position pourrait ĂȘtre caractĂ©risĂ©e comme celle d’un rĂ©aliste mĂ©taphysique qui, en vertu de son inspiration constructiviste23, refuse le rĂ©alisme Ă©pistĂ©mologique. Cela signifie que tout en acceptant l’existence indĂ©pendante d’une rĂ©alitĂ© extĂ©rieure Ă  la pensĂ©e, Spinoza nie la fonction de cette rĂ©alitĂ© dans la production des idĂ©es ainsi que dans la dĂ©termination par soi seule de leur valeur de vĂ©ritĂ©. 24 Éthique II, Proposition XL, scolie 2. 35Le fameux exemple de la quatriĂšme proportionnelle, utilisĂ© par Spinoza pour illustrer aussi bien les diffĂ©rences entre les modes de perception du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement § 23 et 24 que les genres de connaissance de l’Éthique24, illustre bien ce lien indissociable entre ce qu’on affirme et les raisons qui prouvent ce qu’on affirme dans l’idĂ©e vraie. En effet, le mĂȘme rĂ©sultat peut ĂȘtre atteint par des procĂ©dĂ©s cognitifs qui divergent qualitativement, et cette divergence quant Ă  la maniĂšre de parvenir au rĂ©sultat permet de poser les uns et d’exclure les autres de la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©. 36La simple application aveugle d’une rĂšgle qu’on a apprise par ouĂŻ-dire mais dont la raison nous Ă©chappe premier mode de perception, ou qui a Ă©tĂ© trouvĂ©e par des expĂ©riences particuliĂšres non guidĂ©es par la raison, et gĂ©nĂ©ralisĂ©e ensuite d’une façon abusive, sans que nous puissions comprendre la validitĂ© de la rĂšgle et la nĂ©cessitĂ© du rĂ©sultat obtenu second mode de perception, conduit Ă  des affirmations gratuites et incertaines qui ne peuvent pas ĂȘtre qualifiĂ©es de vraies. MĂȘme si l’application de la rĂšgle nous mĂšne au rĂ©sultat correct », la simple impossibilitĂ© de rendre compte du chemin qui y conduit l’exclut de la vĂ©ritĂ©. Ces modes de perception, qui font partie du premier genre de connaissance dans l’Éthique, sont inadĂ©quats et par consĂ©quent non-vrais. 25 Il est important de rapprocher cette distinction intrinsĂšque, du point de vue de la vĂ©ritĂ©, entre s ... 37Par contre, l’application de la rĂšgle comprise Ă  partir des propriĂ©tĂ©s communes des nombres proportionnels troisiĂšme mode de perception, second genre de connaissance, ou l’infĂ©rence directe de la quatriĂšme proportionnelle Ă  partir de l’intuition du rapport entre le premier et le second nombre quatriĂšme mode de perception, troisiĂšme genre de connaissance, Ă©tant de procĂ©dĂ©s qui peuvent rendre compte du chemin qui les mĂšne nĂ©cessairement au rĂ©sultat, appartiennent Ă  la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©. Ainsi, il ne suffit pas de suivre aveuglĂ©ment une rĂšgle qui nous mĂšne au rĂ©sultat correct pour Ă©noncer des propositions vraies. Il faut aussi comprendre la nĂ©cessitĂ© de la rĂšgle, cette comprĂ©hension Ă©tant la condition mĂȘme pour la comprĂ©hension de la nĂ©cessitĂ© du rĂ©sultat25. Comparaison avec Descartes 38Pour mieux saisir l’originalitĂ© de la pensĂ©e de Spinoza, il est intĂ©ressant de rapprocher ce qu’il affirme dans le § 69 du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement de ce que Descartes soutient dans ses MĂ©ditations MĂ©taphysiques. 39Nous trouvons dans les MĂ©ditations deux passages qui illustrent la position de Descartes Ă  propos du principe de connaissance ». Le premier se trouve au dĂ©but de la TroisiĂšme MĂ©ditation 26 AT-VII-35 AT » renvoie aux Ɠuvres de Descartes, Ă©d. Charles Adam et Paul Tannery, Paris, LĂ©opold ... Mais il y avait encore une autre chose que j’assurais, et qu’à cause de l’habitude que j’avais Ă  la croire, je pensais apercevoir trĂšs clairement, quoique vĂ©ritablement je ne l’aperçusse point, Ă  savoir qu’il y avait des choses hors de moi, d’oĂč procĂ©dait ces idĂ©es, et auxquelles elles Ă©taient tout Ă  fait semblables. Et c’était en cela que je me trompais ; ou, si peut-ĂȘtre je jugeais selon la vĂ©ritĂ©, ce n’était aucune connaissance que j’eusse, qui fĂ»t cause de la vĂ©ritĂ© de mon jugement si verum judicabam, id non ex vi meae percepcionis contingebat26. 40Dans ce passage Descartes admet que si ce qu’il assurait s’accordait effectivement avec la rĂ©alitĂ©, son jugement serait vrai, malgrĂ© l’absence d’une perception claire et distincte de ce qu’il affirmait. Son jugement serait vrai non par la force ex vi de sa perception, mais, pourrait-on dire, grĂące Ă  une rencontre hasardeuse avec la rĂ©alitĂ©. Son hĂ©sitation c’était en cela que je me trompais ; ou, si peut-ĂȘtre je jugeais selon la vĂ©ritĂ©... » ne porte pas sur la lĂ©gitimitĂ© de considĂ©rer un jugement de ce type comme vrai, mais plutĂŽt sur la possibilitĂ© de reconnaĂźtre ou dĂ©terminer cette vĂ©ritĂ©. Le jugement serait, absolument parlant, vrai, mais l’absence de clartĂ© et de distinction l’empĂȘcherait de connaĂźtre sa vĂ©ritĂ©. 41Spinoza, quant Ă  lui, n’hĂ©site pas Ă  considĂ©rer un tel jugement, de par l’absence mĂȘme d’une perception adĂ©quate de ce qui est affirmĂ©, comme Ă©tant hors de la sphĂšre des jugements vrais. Et cela mĂȘme si ce qu’il affirme s’accorde avec la rĂ©alitĂ©. Pour lui, un jugement dont la vĂ©ritĂ© ne dĂ©pend en rien de la puissance explicative de la pensĂ©e ne peut pas ĂȘtre qualifiĂ© de vrai ». Sa seule hĂ©sitation, dont j’indiquerai ensuite le sens possible, porte sur la façon de dĂ©signer ce jugement, hĂ©sitant entre les prĂ©dicats faux » et non-vrai » sa pensĂ©e...est fausse ou, si l’on prĂ©fĂšre, n’est pas vraie, encore que Pierre existe effectivement. » 42Chez Descartes, l’absence de clartĂ© et de distinction, c’est-Ă -dire du critĂšre de vĂ©ritĂ©, empĂȘche la reconnaissance de la vĂ©ritĂ©, mais le jugement reste, malgrĂ© cela, vrai. Il y a dissociation entre ce qui identifie et ce qui rend un jugement vrai. Chez Spinoza, l’absence d’adĂ©quation, c’est-Ă -dire de la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de l’idĂ©e vraie, empĂȘche que le jugement puisse ĂȘtre, au sens pleinement spinoziste, vrai, et a fortiori qu’il puisse y avoir une reconnaissance quelconque de sa vĂ©ritĂ©. 43L’autre passage de Descartes se trouve dans la QuatriĂšme MĂ©ditation, dans le contexte d’une discussion Ă  propos du bon usage du libre arbitre 27 AT-IX-48. Or si je m’abstiens de donner mon jugement sur une chose, lorsque je ne la conçois pas avec assez de clartĂ© et de distinction, il est Ă©vident que j’en use fort bien, et que je ne suis point trompĂ© ; mais si je me dĂ©termine Ă  la nier, ou assurer, alors je ne me sers plus comme je dois de mon libre arbitre ; et si j’assure ce qui n’est pas vrai, il est Ă©vident que je me trompe ; mĂȘme aussi, encore que je juge selon la vĂ©ritĂ©, cela n’arrive que par hasard, et je ne laisse pas de faillir...27 44Ici Descartes affirme clairement qu’un jugement qui s’accorderait par hasard avec la rĂ©alitĂ© ne laisserait pas d’ĂȘtre un jugement vrai. S’il le rapproche d’un jugement faux, il ne va pas jusqu’à le qualifier de faux ou de non-vrai, comme le fait Spinoza. Ce rapprochement vise Ă  attirer l’attention sur le fait qu’un jugement qui par hasard se trouve ĂȘtre vrai renvoie, tout comme un jugement faux, Ă  un mauvais usage du libre arbitre. Mais ce jugement ne laisse pas d’ĂȘtre vrai, mĂȘme s’il trouve Ă  sa racine le mĂȘme mauvais usage du libre arbitre qui engendre la faussetĂ©. Nous voyons ainsi comment chez Descartes, contrairement Ă  ce qui se passe chez Spinoza, c’est bien la prĂ©sence de l’objet qui a la fonction de rendre le jugement vrai et comment l’absence d’évidence ne le rend pas faux mais seulement douteux. Cela montre que l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale s’accompagne du principe de connaissance », et que l’exclusion de l’un entraĂźne celle de l’autre. Le refus du principe de bivalence » et le problĂšme de la valeur de vĂ©ritĂ© de l’imagination 45En consonance avec le refus de l’interprĂ©tation rĂ©aliste du principe de correspondance et du principe de connaissance, l’hĂ©sitation de Spinoza entre les prĂ©dicats faux » et non-vrai » dans le § 69 suggĂšre encore, au moins implicitement, une possible rupture avec le principe de bivalence, faisant basculer ainsi la dichotomie traditionnelle du vrai et du faux. En effet, dans ce paragraphe du TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement, Spinoza suggĂšre une distinction entre trois valeurs de vĂ©ritĂ© le vrai, le non-vrai et le faux. Cette tripartition entraĂźne une asymĂ©trie dans les rapports entre adĂ©quation et vĂ©ritĂ©, d’une part, et inadĂ©quation et faussetĂ©, d’autre part. Si toute idĂ©e adĂ©quate est nĂ©cessairement vraie et vice-versa, cette rĂ©ciprocitĂ© n’arrive point dans le rapport entre inadĂ©quation et faussetĂ©. Bien que toute idĂ©e fausse soit nĂ©cessairement inadĂ©quate, toute idĂ©e inadĂ©quate n’est pas nĂ©cessairement fausse, sans que cela signifie que ces idĂ©es soient vraies. Dans ce cas, le fait pour une idĂ©e de ne pas ĂȘtre vraie n’implique pas qu’elle soit fausse. La ligne de partage essentielle se fait entre l’idĂ©e adĂ©quate et l’idĂ©e inadĂ©quate, celle-ci pouvant ĂȘtre fausse ou simplement non-vraie. 28 Cf. G. H. R. Parkinson, Truth Is Its Own Standard Aspects of Spinoza’s Theory of Truth », in Sh ... 29 Éthique II, Proposition XLI, dĂ©monstration, et Proposition XXVIII. 30 Ibid., Proposition XLI. 31 Éthique II, Proposition XVII, scolie et Proposition XLIX, scolie. 32 Éthique IV, Proposition I, dĂ©monstration et scolie. 46Certains interprĂštes ont signalĂ© la prĂ©sence de cette distinction dans le § 69, tout en affirmant ensuite qu’il n’y en a aucune trace dans l’Éthique28. NĂ©anmoins, je voudrais juste indiquer, pour finir, comment cette distinction entre l’idĂ©e inadĂ©quate non-vraie et l’idĂ©e inadĂ©quate fausse permet d’éclaircir d’une maniĂšre satisfaisante une ambiguĂŻtĂ© prĂ©sente dans les affirmations de l’Éthique concernant le rapport entre la faussetĂ© et la connaissance imaginative, connaissance qui est constituĂ©e exclusivement par des idĂ©es qui sont toujours inadĂ©quates et confuses29. En effet, Spinoza affirme, d’une part, que cette connaissance est l’unique cause de la faussetĂ©30. D’autre part, il affirme que les imaginations de l’Âme, considĂ©rĂ©es en elles-mĂȘmes, ne contiennent aucune erreur »31 ; ou encore, que la prĂ©sence d’une idĂ©e vraie peut supprimer l’erreur causĂ©e par une connaissance imaginative sans supprimer ce qu’il y a de positif dans cette mĂȘme connaissance32. Or, il est extrĂȘmement significatif que dans l’Éthique Spinoza ne qualifie jamais de vraie une idĂ©e imaginative. Dans ce dernier passage, mĂȘme s’il lui arrive de parler d’une positivitĂ© de l’idĂ©e imaginative qui n’est pas fausse, il ne va pas jusqu’à qualifier cette idĂ©e, dans son rapport Ă  l’ñme humaine, comme vraie, ce qu’il n’aurait pas pu faire s’il n’avait pas distinguĂ© entre l’idĂ©e inadĂ©quate non-vraie et l’idĂ©e inadĂ©quate fausse. 33 Pour la distinction entre l’objet directement reprĂ©sentĂ© et l’objet indirectement reprĂ©sentĂ© par l’ ... 34 Éthique II, Proposition XXVIII. 35 Bien entendu, ce n’est pas par l’idĂ©e inadĂ©quate que nous pouvons savoir qu’elle s’accorde avec l’a ... 36 Cette idĂ©e est l’équivalent Ă©pistĂ©mique de la passion joyeuse. Celle-ci naĂźt d’un accord entre des ... 47Si nous nous rappelons que les idĂ©es inadĂ©quates de l’imagination sont les idĂ©es des affections du corps humain causĂ©es par les corps extĂ©rieurs, et que ces idĂ©es, qui indiquent directement l’état du corps humain, nous permettent aussi de percevoir indirectement la cause extĂ©rieure de cet Ă©tat33, nous constaterons que l’idĂ©e inadĂ©quate non-vraie est celle qui, tout en s’accordant, grĂące au parallĂ©lisme, avec son corrĂ©lat physique, Ă  savoir l’affection du corps, ne l’indique que trĂšs confusĂ©ment. Bien qu’elle s’accorde avec l’affection, elle ne peut pas l’expliquer par ses causes. En effet, l’affection du corps est dĂ©terminĂ©e par une sĂ©rie infinie de causes finies. Dans la mesure oĂč l’ñme humaine n’est qu’une partie de l’entendement infini de Dieu, elle n’est pas capable de connaĂźtre la totalitĂ© infinie de cette sĂ©rie. Ainsi, l’idĂ©e d’affection, considĂ©rĂ©e exclusivement dans son rapport Ă  l’ñme humaine, est nĂ©cessairement comme une consĂ©quence dĂ©tachĂ©e de ses prĂ©misses », c’est-Ă -dire inadĂ©quate et confuse34. Son inadĂ©quation irrĂ©ductible est suffisante pour l’exclure de la vĂ©ritĂ©, tandis que son accord fortuit », c’est-Ă -dire non justifiĂ© par l’idĂ©e35, avec son corrĂ©lat physique, sans ĂȘtre suffisant pour la dĂ©terminer comme vraie, suffit pour l’exclure de la faussetĂ©36. L’idĂ©e inadĂ©quate fausse, pour sa part, est l’idĂ©e d’affection qui, outre son inadĂ©quation et confusion, ne s’accorde pas Ă  l’objet indirect auquel elle renvoie le corps extĂ©rieur qui est cause de l’affection. Si Spinoza soutenait exclusivement une thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance, il devrait dĂ©signer le premier aspect des idĂ©es imaginatives comme vrai, ce qu’il ne fait pas. S’il soutenait exclusivement une certaine conception de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence, l’inadĂ©quation coĂŻnciderait avec la faussetĂ©, et il ne pourrait pas se rĂ©fĂ©rer Ă  la positivitĂ© des idĂ©es inadĂ©quates de l’imagination, ce qu’il fait pourtant. Mais, si la vĂ©ritĂ© naĂźt de la conjonction entre adĂ©quation et correspondance, conjonction rendue possible par l’exclusion de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ©, il est possible de considĂ©rer comme fausse l’idĂ©e inadĂ©quate qui ne s’accorde pas avec son objet indirect, et simplement comme non-vraie celle qui s’accorde avec son objet direct. 48Ainsi, nous pouvons conclure que c’est l’exclusion de l’interprĂ©tation rĂ©aliste de la dĂ©finition nominale de la vĂ©ritĂ© et, d’une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, la tendance Ă  refuser les principes du rĂ©alisme Ă©pistĂ©mologique, qui permet Ă  la pensĂ©e spinoziste de dissoudre la tension signalĂ©e par F. AlquiĂ© et de rendre compatible les deux propriĂ©tĂ©s de l’idĂ©e vraie. Il reste toutefois que rendre compatibles ces deux propriĂ©tĂ©s n’est pas encore montrer la nĂ©cessitĂ© de leur liaison. Pour expliciter comment et pourquoi la convenientia est une propriĂ©tĂ© nĂ©cessairement liĂ©e Ă  l’adaequatio, il faudrait examiner la doctrine du parallĂ©lisme et la fonction exercĂ©e par la substance absolue comme fondement de la complĂ©mentaritĂ© entre les deux aspects de la vĂ©ritĂ©. Cette tĂąche, nĂ©anmoins, dĂ©passe largement les objectifs et limites de cet article. Landim, R., A interpretação realista da definição nominal da verdade », Manuscrito, volume VI, n° 2, abril 1983. Haut de page Bibliographie AlquiĂ©, F., Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ÉpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981. Curley, E., Spinoza’s Metaphysics An Essay in interpretation, Harvard University Press, Cambridge, Mass., 1969. Curley, E., Spinoza on Truth », Australasian Journal of Philosophy, vol. 72, n° 1, March 1994. 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Della Rocca, M., Representation and the Mind-Body Problem in Spinoza ; Oxford University Press, 1996. Spinoza, B., Spinoza Opera, ed. Carl Gebhardt, 5 vol., Heidelberg, Carl Winters, 1924. Spinoza, B., Éthique, prĂ©sentĂ© et traduit par Bernard Pautrat, Éditions du Seuil, Paris, 1999. Spinoza, B., Éthique, Ă©dition bilingue, trad. et notes de Ch. Appuhn, J. Vrin, Paris, 1983. Spinoza, B., TraitĂ© de la RĂ©forme de l’Entendement, trad. de A. KoyrĂ©, J. Vrin, Paris, 1984. Haut de page Notes 1 Il [Cherbury] examine ce que c’est que la vĂ©ritĂ© ; et pour moi, je n’en ai jamais doutĂ©, me semblant que c’est une notion si transcendantalement claire, qu’il est impossible de l’ignorer en effet, on a bien des moyens pour examiner une balance avant que de s’en servir, mais on n’en aurait point pour apprendre ce que c’est que la vĂ©ritĂ©, si on ne la connaissait de nature. Car quelle raison aurions-nous de consentir Ă  ce qui nous l’apprendrait, si nous ne savions qu’il fĂ»t vrai, c’est-Ă -dire, si nous ne connaissions la vĂ©ritĂ© ? Ainsi on peut bien expliquer quid nominis Ă  ceux qui n’entendent pas la langue, et leur dire que ce mot vĂ©ritĂ©, en sa propre signification, dĂ©note la conformitĂ© de la pensĂ©e avec l’objet, mais lorsqu’on l’attribue aux choses qui sont hors de la pensĂ©e, il signifie seulement que ces choses peuvent servir d’objets Ă  des pensĂ©es vĂ©ritables, soit aux nĂŽtres, soit Ă  celles de Dieu; mais on ne peut donner aucune dĂ©finition de logique qui aide Ă  connaĂźtre sa nature » R. Descartes, ƒuvres Philosophiques, Ă©d. F. AlquiĂ©, Garnier, Paris, 1973, t. II, p. 144. 2 Cf. chap. XV, deuxiĂšme partie. GI/78 G » renverra toujours Ă  Spinoza Opera, Ă©d. Carl Gebhardt, 5 vol., Heidelberg, Carl Winters, 1924. 3 Éthique II, Proposition XLIII, scolie. GII/124. 4 R. Landim, La notion de vĂ©ritĂ© dans l’Éthique de Spinoza », in Groupe de recherches spinozistes n° 2, Paris, 1989, p. 123. Il faut remarquer que Landim semble distinguer dans son article entre ce qui constitue proprement la vĂ©ritĂ© la correspondance et ce qui nous permet de la reconnaĂźtre la cohĂ©rence, puisqu’il affirme que la cohĂ©rence est ce par quoi la vĂ©ritĂ© s’impose Ă  l’homme comme correspondance. Bref, au lieu d’une coexistence entre deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ©, il s’agit plutĂŽt d’une distinction entre la dĂ©finition et le critĂšre de vĂ©ritĂ©. Or, si l’on pose que la correspondance Ă©puise la dĂ©finition de la vĂ©ritĂ©, Ă©tant donnĂ©e l’impossibilitĂ© de comparer l’idĂ©e avec son objet pour vĂ©rifier la satisfaction de cet accord, il faudra chercher une propriĂ©tĂ© intrinsĂšque Ă  la pensĂ©e qui puisse lĂ©gitimement l’attester. Dans ce cas, nĂ©anmoins, cette propriĂ©tĂ© sera distincte de la propriĂ©tĂ© d’ĂȘtre vraie et il y aura dissociation entre ce qui rend et ce qui identifie une idĂ©e vraie. Nous sommes ainsi ramenĂ©s Ă  la position cartĂ©sienne du problĂšme de la vĂ©ritĂ©. La dĂ©finition de la vĂ©ritĂ© Ă©tant transcendentalement claire », le problĂšme consiste Ă  trouver un critĂšre ou signe de la vĂ©ritĂ© et Ă  prouver sa validitĂ©. Par contre, si, comme le fait Spinoza, la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de la pensĂ©e vraie est posĂ©e comme faisant partie de la dĂ©finition mĂȘme de la vĂ©ritĂ©, c’est-Ă -dire s’il n’y a pas de vĂ©ritĂ© sans justification rationnelle seule l’idĂ©e adĂ©quate qui porte en elle la complĂ©tude de ses causes ou raisons peut ĂȘtre vraie, alors on peut dire que cette propriĂ©tĂ© non seulement permet la reconnaissance de la vĂ©ritĂ© mais aussi qu’elle appartient Ă  la nature de l’idĂ©e vraie raison pour laquelle celle-ci n’a pas besoin d’un signe extrinsĂšque pour ĂȘtre reconnue. C’est pour cette raison qu’au lieu de parler de coexistence entre deux thĂ©ories de la vĂ©ritĂ©, je parlerai de complĂ©mentaritĂ© entre l’adaequatio cohĂ©rence et la convenientia correspondance dans la constitution du concept spinoziste de vĂ©ritĂ©. 5 F. AlquiĂ©, Le Rationalisme de Spinoza, PUF, coll. ÉpimĂ©thĂ©e, Paris, 1981, p. 212. 6 Ce sont ceux, comme S. Hampshire ou H. Joachim, qui considĂšrent que Spinoza soutient exclusivement la conception de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. 7 Ce sont ceux, comme E. Curley ou J. Bennett, pour lesquels Spinoza adopte exclusivement la conception de la vĂ©ritĂ© comme correspondance. Cette position, adoptĂ©e par Curley dans son livre Spinoza’s Metaphysics p. 56, p. 122‑126, a Ă©tĂ© revue dans son article Spinoza on Truth », in Australasian Journal of Philosophy, vol. 72, no 1, March 1994. Dans cet article, il soutient l’existence dans la pensĂ©e de Spinoza de tendances en conflit » entre la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme correspondance et une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. 8 En particulier, il n’est pas possible de dĂ©velopper ici l’analyse dĂ©taillĂ©e de la notion d’idĂ©e adĂ©quate Ă©laborĂ©e par Spinoza dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement et dans l’Éthique, ni de justifier l’interprĂ©tation adoptĂ©e de cette notion comme renvoyant Ă  une affirmation connectĂ©e au systĂšme de raisons qui la prouvent et, par lĂ , Ă  une certaine version de la thĂ©orie de la vĂ©ritĂ© comme cohĂ©rence. Pour ces analyses et cette justification je renvoie au deuxiĂšme chapitre de mon livre Verdade e Certeza em Espinosa Ed. L & PM, Porto Alegre, 1999. 9 Éthique I, axiome VI. 10 Je ne reconnais aucune diffĂ©rence entre l’idĂ©e vraie et l’idĂ©e adĂ©quate, sinon que le mot “vraie” se rapporte seulement Ă  l’accord de l’idĂ©e avec son objet, tandis que le mot “adĂ©quate” se rapporte Ă  la nature de l’idĂ©e mĂȘme » GIV/270. 11 GII/26. 12 Cf. Éthique I, Proposition VIII, scolie 2 ; Éthique II, Proposition VIII ; Éthique V, Proposition XXIX, scolie. 13 Selon Spinoza, le contraste entre l’existence Ă©ternelle et l’existence temporelle n’est pas un contraste entre l’existence possible et l’existence actuelle, mais entre deux types d’existence actuelle. L’actualitĂ© Ă©ternelle de l’essence d’un mode fini qui n’existe pas dans le temps n’est que la propriĂ©tĂ© actuelle qui appartient Ă  l’attribut divin de produire nĂ©cessairement ce mode quand les conditions sont remplies. Cette propriĂ©tĂ© est une combinaison particuliĂšre des lois de la nature. 14 Cf. les § 41, § 42, § 85, § 91 et § 99. 15 Cf. Éthique II, Propositions XXXII et XXXIV ; Proposition XLI, dĂ©monstration ; Proposition XLIII, dĂ©monstration. 16 Cf. ibid., Proposition XLIII, scolie. 17 Bien que la substitution de l’énoncĂ© dĂ©finitionnel par l’axiomatique ne soit pas dĂ©pourvue d’importance, elle ne signifie pas la suppression de la correspondance comme l’un des Ă©lĂ©ments constitutifs de la conception spinoziste de la vĂ©ritĂ©. Pour cette raison, et pour faciliter l’exposition, j’ai pris la libertĂ© de maintenir la dĂ©signation traditionnelle de dĂ©finition nominale pour renvoyer Ă  cet Ă©lĂ©ment. 18 TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement, tr. A. KoyrĂ©, J. Vrin, Paris, 1984, note 69, p. 107. 19 GII/124. 20 Pour cette interprĂ©tation de M. Dummett, voir R. Landim A interpretação realista da definição nominal da verdade », Manuscrito, n° 2, avril 1983 ; et Significado e verdade », SĂ­ntese, n° 32, dĂ©cembre 1984. 21 Éthique II, Proposition III. 22 Ibid, Proposition VI, corollaire. 23 Cette inspiration est nettement prĂ©sente dans la thĂ©orie de la dĂ©finition gĂ©nĂ©tique formulĂ©e dans le TraitĂ© de la rĂ©forme de l’entendement. 24 Éthique II, Proposition XL, scolie 2. 25 Il est important de rapprocher cette distinction intrinsĂšque, du point de vue de la vĂ©ritĂ©, entre suivre une rĂšgle en connaissant ou en ignorant sa nĂ©cessitĂ©, de ce que Spinoza soutient Ă  propos de la distinction intrinsĂšque, du point de vue Ă©thique, entre la conduite du sage et celle de l’ignorant par rapport aux principes Ă©thiques. Le sage et l’ignorant peuvent avoir une mĂȘme conduite, accomplir une mĂȘme action d’un point de vue extĂ©rieur tout en Ă©tant radicalement distincts du point de vue de la dĂ©termination intĂ©rieure. Ainsi, l’un interprĂšte une rĂšgle de vie comme une loi morale et est dĂ©terminĂ© Ă  l’obĂ©ir par la peur du chĂątiment et l’espoir d’une rĂ©compense ; l’autre est au-dessus de la loi, c’est-Ă -dire qu’il est dĂ©terminĂ© Ă  suivre cette rĂšgle de vie par la comprĂ©hension de la nĂ©cessitĂ© par laquelle elle est liĂ©e Ă  ses effets immanents, et par la comprĂ©hension de son utilitĂ© comme moyen pour parvenir Ă  la libertĂ© et au bonheur voir lettre XIX Ă  Blyenbergh et Éthique IV, Propositions LIX et LXIII. Le premier est esclave des passions tristes engendrĂ©es par sa connaissance inadĂ©quate, l’autre est un homme libre qui agit dĂ©terminĂ© par sa connaissance adĂ©quate et par les affects actifs qui en dĂ©coulent joie et amour intellectuel. De mĂȘme qu’il ne suffit pas de parvenir Ă  une conclusion correcte en suivant une rĂšgle dont on ignore la nĂ©cessitĂ© pour ĂȘtre dans la sphĂšre de la vĂ©ritĂ©, de mĂȘme il ne suffit pas de conformer notre conduite Ă  une loi dont on ignore la nĂ©cessitĂ© et l’utilitĂ© pour ĂȘtre dans la sphĂšre de l’activitĂ© Ă©thique et de la libertĂ©. La simple conformitĂ©, Ă  l’objet ou Ă  la rĂšgle, dĂ©tachĂ©e des raisons qui la justifient, est Ă©galement insuffisante dans les deux cas. Ce rapprochement indique – sans que nous puissions l’approfondir ici – l’extrĂȘme importance qui sera accordĂ©e Ă  la propriĂ©tĂ© intrinsĂšque de l’idĂ©e vraie adaequatio pour fonder la supĂ©rioritĂ© Ă©thique du sage face Ă  l’ignorant. 26 AT-VII-35 AT » renvoie aux Ɠuvres de Descartes, Ă©d. Charles Adam et Paul Tannery, Paris, LĂ©opold Cerf, 1897‑1909 ; réédition Vrin-CNRS, 11 vol., 1964‑1974. 27 AT-IX-48. 28 Cf. G. H. R. Parkinson, Truth Is Its Own Standard Aspects of Spinoza’s Theory of Truth », in Shahan and Biro eds., Spinoza New Perspectives, University of Oklahoma Press, 1978, p. 44, et M. Della Rocca, Representation and the Mind-Body Problem in Spinoza, Oxford University Press, 1996, p. 109. 29 Éthique II, Proposition XLI, dĂ©monstration, et Proposition XXVIII. 30 Ibid., Proposition XLI. 31 Éthique II, Proposition XVII, scolie et Proposition XLIX, scolie. 32 Éthique IV, Proposition I, dĂ©monstration et scolie. 33 Pour la distinction entre l’objet directement reprĂ©sentĂ© et l’objet indirectement reprĂ©sentĂ© par l’idĂ©e d’affection, voir Éthique II, Proposition XVI, et ses deux corollaires. 34 Éthique II, Proposition XXVIII. 35 Bien entendu, ce n’est pas par l’idĂ©e inadĂ©quate que nous pouvons savoir qu’elle s’accorde avec l’affection, c’est-Ă -dire qu’elle indique effectivement la maniĂšre dont nous sommes affectĂ©s par les choses extĂ©rieures, mais par notre connaissance adĂ©quate de l’origine et de la nature de la connaissance imaginative. 36 Cette idĂ©e est l’équivalent Ă©pistĂ©mique de la passion joyeuse. Celle-ci naĂźt d’un accord entre des individus qui se rencontrent, cet accord entre leurs natures Ă©tant cause de joie, c’est-Ă -dire d’une augmentation positive de puissance. NĂ©anmoins, cet accord et cette positivitĂ© ne sont pas suffisants pour caractĂ©riser ces individus comme des individus actifs, de mĂȘme que la positivitĂ© de l’idĂ©e inadĂ©quate et son accord fortuit » avec l’affection du corps ne sont pas suffisants pour la caractĂ©riser comme vraie. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Marcos AndrĂ© GLEIZER, Remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza », Philonsorbonne, 5 2011, 119-135. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Marcos AndrĂ© GLEIZER, Remarques sur le problĂšme de la vĂ©ritĂ© chez Spinoza », Philonsorbonne [En ligne], 5 2011, mis en ligne le 03 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 17 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Droits d’auteur Tous droits rĂ©servĂ©sHaut de page L'ÉVANGILE DE LA VÉRITÉ Ioannes Alaythia * * * CHAPITRES 1 - 2 - 3 - 4 - 5 CHAPITRE 1 RĂ©cit des annales extrait de la conscience de Christ en nous, l'anticipation de la gloire, que l'Esprit des vivants, notre Souverain suprĂȘme nous accorde pour la gloire de son nom et pour l'Ă©dification des Ă©lus, selon le bon plaisir de sa volontĂ©. La tempĂȘte Ă©clata au crĂ©puscule, les grondements de la foudre se firent entendre au milieu d'Ă©clairs qui illuminaient le ciel obscurci, et la pluie commença Ă  tomber avec des vents orageux. Deux hommes s'empressaient Ă  grands pas pour atteindre l'Auberge du Vieux Moulin dans un petit village non loin d'Antioche, afin de ne pas ĂȘtre trempĂ©s. L'endroit Ă©tait renommĂ© pour son hospitalitĂ© et son potage chaud qui rĂ©chauffait les voyageurs. Ils dĂ©cidĂšrent d'y passer la nuit et de reprendre la route au soleil levant. Ils avaient reçu un message Ă  JĂ©rusalem d'un ami, d'Alexandre le forgeron, demandant leur assistance pour l'accouchement de sa femme qui Ă©tait tombĂ©e gravement malade. La sommation Ă©tait urgente. Le temps pressait, il fallait arriver Ă  Antioche avant son terme. AprĂšs avoir mangĂ©, Jean et Luc se retirĂšrent Ă  leur chambre, un petit recoin avec de la paille fraĂźche pour se reposer aux roucoulements des tourterelles qui s'y rĂ©fugiaient durant la tempĂȘte. À la lumiĂšre du jour, le soleil brillait de nouveau et ils reprirent la route, arrivant Ă  leur destination vers midi. Traversant le grand marchĂ©, ils se procurĂšrent quelques fruits et lĂ©gumes puis se rendirent Ă  la maison d'Alexandre oĂč ils furent reçus chaleureusement par leur ami et sa famille, incluant quelques soldats romains qui s'intĂ©ressaient dans le travail du forgeron. AprĂšs les Ă©changes amicaux, ils passĂšrent Ă  des choses plus sĂ©rieuses. Luc qui Ă©tait mĂ©decin demanda de voir la femme d'Alexandre. On l'amena dans la chambre oĂč elle se trouva, et voyant qu'elle faisait une grande fiĂšvre et que c'Ă©tait dangereux aussi pour l'enfant qu'elle portait, et qu'elle Ă©tait fort agitĂ©e, ils se mirent en priĂšre, implorant le Seigneur JĂ©sus en sa faveur. Puis Luc lui prĂ©para un remĂšde de plantes mĂ©dicinales et lui fit boire. Quelques temps aprĂšs elle se calma, sa fiĂšvre avait diminuĂ©e, et elle dormit paisiblement. Tous plein d'espĂ©rance se retirent dans la grande salle de la maison pour la fĂȘte, mais Jean demeurait avec elle pour veiller et prier. Plus tard il se joint aux autres et plusieurs voulaient entendre le message que le Seigneur leur avait donnĂ© pour eux. Des enfants, courant çà et lĂ  s'arrĂȘtĂšrent subitement quand Jean commença Ă  parler, leur annonçant Ă  tous le message de la grĂące souveraine dans le sacrifice de JĂ©sus sur la croix. Les cƓurs furent vivement touchĂ©s, et plusieurs qui Ă©taient destinĂ©s Ă  la vie Ă©ternelle, crurent en la parole de l'Esprit des vivants que Jean leur annonçait. Quelques romains lui demandaient Mais toi, qui es-tu pour nous parler de la sorte? Jean leur rĂ©pondit Je suis ce que je suis par Celui qui est JE SUIS. Comme le fer chauffĂ© au rouge dans la forge du divin Forgeron, il m'a mis sur son enclume et me frappa, et me frappa encore, puis me plongea de nouveau dans le feu de sa forge et m'en retira encore sur son enclume et me frappa, et me frappa encore, jusqu'Ă  ce que je prenne la forme pour laquelle il m'a dĂ©signĂ© une Ă©pĂ©e Ă  deux tranchants dont le manche est plongĂ© dans le sang du soleil, la lame dans le lait de la lune, et les tranchants dans le scintillement des Ă©toiles, une Ă©pĂ©e pour le Roi de gloire. Sa lame ruisselle du sang de ses ennemis auxquels elle a tranchĂ©e la tĂȘte pour exposer leurs duplicitĂ©s. Un de ses tranchants donne la mort Ă©ternelle et l'autre la vie Ă©ternelle. Mon nom est Ioannes Alaythia, l'Esprit des vivants fait GrĂące de sa VĂ©ritĂ©. Celui qui Ă©coute mes paroles connaĂźtra la vĂ©ritĂ©, et la vĂ©ritĂ© l'affranchira de son esclavage, la duplicitĂ© n'aura plus de pouvoir sur lui. Sur ces paroles, un des soldats romains se lança Ă  genoux devant Jean, baissa la tĂȘte et lui dit MaĂźtre, tu as les paroles de la vĂ©ritĂ©, tranches-moi la tĂȘte car je suis pĂ©cheur. Jean lui dit LĂšve-toi, je ne suis pas l'Esprit des vivants, mais celui qui admet ses pĂ©chĂ©s reçoit une nouvelle TĂȘte qui est Christ, le Chef de son Corps et l'autoritĂ© SuprĂȘme. Sur cela plusieurs romains furent offensĂ©s et dirent Nous avons une seule autoritĂ© Ă  savoir CĂ©sar et tu rĂ©pondras devant lui pour ton affront. Mais Jean rĂ©pondit CĂ©sar ne peut qu'affliger mon corps et le retenir sur des chaĂźnes, mais mon esprit est libre en JĂ©sus-Christ. Ils vinrent pour mettre les mains sur lui mais ils ne le purent, un ange du Seigneur apparut et la lumiĂšre de sa gloire les figeait tous dans un grand Ă©tonnement, car son temps n'Ă©tait pas encore arrivĂ©, il fallait qu'il proclame le message de la grĂące en JĂ©sus-Christ Ă  plusieurs autres. Les romains tombĂšrent dans une confusion totale, ne pouvant plus distinguer la rĂ©alitĂ© et partirent sans aucun souvenir de l'Ă©vĂšnement. Mais ceux qui crurent demeurĂšrent et reçurent la pleine rĂ©alisation de la Sainte PrĂ©sence de Christ en eux, leur perception fut celle de l'hĂ©ritage d'une gloire Ă©ternelle dans une existence sublime et incomparable. CHAPITRE 2 Alors, quelques temps aprĂšs, pendant que Luc s'occupait de la femme d'Alexandre le forgeron, Jean se rendit sur la place du marchĂ© publique, proclamant et enseignant le message de la grĂące en JĂ©sus-Christ. Une foule s'assembla autour de lui pour entendre ses paroles. Jamais ils n'avaient entendu quelqu'un parler avec une telle autoritĂ©. Ses paroles Ă©taient comme des fleuves d'eaux vivent, pleines de grĂące et de vĂ©ritĂ©, traçant des sillons dans les consciences et pĂ©nĂ©trant dans les cƓurs entĂ©nĂ©brĂ©s. Jean s'approcha d'un marchand de fruits, et aprĂšs quelques mots avec lui, monta dans le chariot du marchand pour s'adresser Ă  la foule. Prenant un fruit dans ses mains, il leur dit La vĂ©ritĂ© est le fruit de l'arbre plantĂ© dans la terre fertile de la grĂące en l'assurance inĂ©branlable du sacrifice de JĂ©sus-Christ sur la croix, que les Juifs ont fait mourir par la main des romains. Mais trois jours aprĂšs il ressuscita d'entre les morts et nous en sommes tĂ©moins, ayant partagĂ© le pain avec Lui lorsqu'il nous est apparu avec les marques de la croix en son corps. Ce que nous avons vu de nos yeux et touchĂ© de nos mains, nous vous l'annonçons. En lui vous recevez le pardon de vos pĂ©chĂ©s et la vie Ă©ternelle dans le royaume de sa gloire. Il est le Souverain SuprĂȘme sur toutes choses qui ont Ă©tĂ© créées par lui. Les dieux de vos mystĂšres ne peuvent que vous Ă©garer dans des voies pĂ©rilleuses pour la perte de vos Ăąmes. Nous vous prions, soyez rĂ©conciliĂ©s avec l'Esprit des vivants qui a versĂ© son sang sur la croix dans sa forme corporelle, Ă©tant nĂ© d'une vierge au temps dĂ©signĂ©. Alors il donna le fruit Ă  un jeune garçon qui le reçut avec joie en toute humilitĂ© et reconnaissance, leur disant Si vous ne recevez pas la vĂ©ritĂ© comme cet enfant, vous demeurerez dans les tĂ©nĂšbres de vos pĂ©chĂ©s. La femme d'un marchand de soi s'Ă©cria Donne-nous Ă  manger de ce fruit. Et la mĂšre de l'enfant se tenait prĂšs de Jean, lui dit MaĂźtre, permet nous de nous dĂ©saltĂ©rer de l'eau vive de tes paroles. Il leur parla donc des merveilles du trĂ©sor de la lumiĂšre de l'Esprit des vivants, le Souverain SuprĂȘme de l'existence. Ses paroles surgissaient de la conscience de la Sainte PrĂ©sence de Christ en lui pour la gloire de son nom, dans tous les temps et dans toutes les gĂ©nĂ©rations, pour servir de tĂ©moignage Ă  la vĂ©ritĂ©, et c'est lui-mĂȘme qui Ă©crivit qui vous parle dans les paroles que vous lisez Ă  cet instant. Depuis toute l'Ă©ternitĂ© fut l'amour; il Ă©tait avant le commencement, et resplendissait d'une lumiĂšre pure et sans tache. Et cette lumiĂšre vivante jaillit Ă  l'infini par un mouvement perpĂ©tuel d'extase en Ă©panouissement. Et ce mouvement est la vie manifestĂ©e par le Souffle de la Parole dans le cƓur de la source des lumiĂšres, en laquelle il n'y a aucune variation ni ombre de changement. Il fit scintiller sa lumiĂšre dans mille myriades de rayons glorieux. Et chaque rayon Ă©tait un messager de la lumiĂšre qui poussait un cri de joie, et qui chantait avec allĂ©gresse des louanges Ă  l'Esprit des vivants dans le Saint des saints du Sanctuaire cĂ©leste de l'existence divine. Et la Parole exprima par la lumiĂšre que tout fut; et tout Ă©tait, et tout avait le mouvement et l'ĂȘtre dans la lumiĂšre, pour la lumiĂšre, et par la lumiĂšre de la Parole de l'Esprit des vivants. Car l'unitĂ© de la lumiĂšre dans sa diversitĂ© d'expressions, produisit la matiĂšre, et la matiĂšre fut ainsi ordonnĂ©, Ă©quilibrĂ©, et mit en mouvement; formant les nĂ©buleuses d'Ă©toiles innombrables dont notre monde en est le centre et le soutient de ses pieds. Alors, un paysan de la rĂ©gion, disciple du dieu Apollon, intimidĂ© par les Juifs, s'approcha de Jean, lui versant d'une petite cruche une coupe d'eau fraĂźche qui contenait un poison mortel. Jean, ne soupçonnant rien lui Ă©tait reconnaissant, car il avait trĂšs chaud, prit la coupe et la bue en continuant d'enseigner la foule. Le paysan et les Juifs Ă©taient perplexes devant ce qui se produisit. Ils s'attendaient que Jean tombe mort, mais rien n'arrivait. Alors dans la crainte et la confusion, le paysan dit aux Juifs J'ai dĂ» me tromper et mettre le poison dans une autre petite cruche, car il y en avait plusieurs l'une Ă  cĂŽtĂ© de l'autre. Puis il se versa une coupe d'eau de la mĂȘme petite cruche qu'il versa Ă  Jean et mourra dans d'affreuses convulsions en leur prĂ©sence. Les assassins s'enfuirent donc de l'endroit avant que leur crime soit dĂ©couvert. CHAPITRE 3 Un messager fut envoyĂ© Ă  Jean pour lui dire que Luc le demandait avec urgence Ă  la maison d'Alexandre le forgeron. ArrivĂ© Ă  l'endroit Jean y vit plusieurs personnes qui criaient et se lamentaient. Luc vint vers lui et lui annonça que la femme d'Alexandre Ă©tait morte avec l'enfant en son sein. Alexandre Ă©tait devenu fou de rage, il Ă©tait impossible Ă  consoler. La perte de sa femme et de son enfant Ă©tait trop pour lui, impossible Ă  supporter. Il blasphĂ©mait contre l'Esprit des vivants et sa colĂšre se porta surtout vers Luc et Jean, s'imaginant qu'ils Ă©taient responsables pour cette triste situation. Il maltraita ses serviteurs Ă  coups de bĂąton, en blessant un sĂ©rieusement qu'on craignait pour sa vie. Sous la direction de la Sainte PrĂ©sence de Christ en eux, Luc et Jean dĂ©cidĂšrent donc de partir avant que les choses s'aggravent davantage. Ils reprirent la route en direction de l'Auberge du Vieux Moulin, mais un ange de l'Esprit des vivants les avertis dans un songe de ne pas y retourner. Ils firent donc un dĂ©tour passant par LaodicĂ©e pour se rendre Ă  Damas puis JĂ©rusalem. Traversant un petit village, ils s'arrĂȘtĂšrent pour se procurer des vives et se reposer. Dans une vision de la nuit, ils apprirent qu'Alexandre le forgeron s'Ă©tait donnĂ© la mission de persĂ©cuter les chrĂ©tiens et qu'il se rendait Ă  Rome pour fabriquer des armes pour l'armĂ©e romaine. Les forgerons Ă©taient en grande demande Ă  cette Ă©poque. Ils reprirent la route le lendemain matin et se hĂątĂšrent pour se rendre Ă  JĂ©rusalem pour avertir les frĂšres de cette nouvelle menace. Chemin faisant, ils rencontrĂšrent un vieillard avec son mulet qui prenait un repos. Il les invita Ă  briser le pain avec lui, ce qu'ils firent avec joie, ne sachant pas que c'Ă©tait le Seigneur. Il leur dit Vous portez un fardeau insupportable qui affectera la vie de plusieurs. Puis il leur parla du fardeau de la croix et du dessin arrĂȘtĂ© de l'Esprit des vivants pour la souffrance des Ă©lus dans les persĂ©cutions Ă  venir. Puis il leur dit Un homme nommĂ© Saul, que j'ai choisi, viendra et mettra plusieurs de vous en prison, et en fera pĂ©rir plusieurs autres. Mais son cƓur sera brisĂ© et il deviendra aveugle dans la lumiĂšre de la rĂ©vĂ©lation que JE SUIS. Lorsque ses yeux seront ouverts, il portera l'Évangile de la VĂ©ritĂ© en toutes les nations. On l'arrĂȘtera et on l'amĂšnera prisonnier Ă  Rome. Il sera exĂ©cutĂ© pour la gloire de mon nom et Alexandre le forgeron sera son bourreau. Ils furent fortement Ă©merveillĂ©s par les paroles du vieillard qu'ils prenaient pour un prophĂšte. Et levant les yeux au ciel pour rendre gloire Ă  l'Esprit des vivants, il disparut devant d'eux et ils ne purent le trouver, ni lui ni son mulet. Ils comprirent alors que c'Ă©tait le Seigneur et se rĂ©jouirent grandement. CHAPITRE 4 ArrivĂ© Ă  JĂ©rusalem, ils rencontrĂšrent les frĂšres et leur fit part de ce qu'ils avaient vu et entendu lors de leur voyage. Jacques et Pierre particuliĂšrement, considĂšrent la rĂ©alitĂ© des persĂ©cutions Ă  venir, et surtout du personnage mystĂ©rieux de Saul, qui en Grec est Paul. À ce temps Rome dominait sur la JudĂ©e et les soldats romains avaient tuĂ©s plusieurs Juifs lors d'une insurrection dirigĂ©e par les zĂ©lotes. Le Proconsul avait donnĂ© l'ordre de placer l'aigle romain sur le portique du temple, ce qui fut un blasphĂšme odieux pour les Juifs, car le temple Ă©tait un endroit sacrĂ© dĂ©diĂ© au Souverain SuprĂȘme. Ils ne comprirent pas qu'il y avait eu un changement de dispensation, l'Ancienne Alliance Ă©tant remplacĂ©e par la Nouvelle Alliance dans le sang de Christ, et que le temple de l'Esprit des vivants est le corps des Ă©lus en qui habite la Sainte PrĂ©sence de Christ. La destruction d'IsraĂ«lĂ©tait ainsi assurĂ©e comme l'avait prĂ©dit le Seigneur JĂ©sus. Quelques mois aprĂšs, un jour de Sabbat aprĂšs la lapidation d'Étienne, ils Ă©taient tous ensembles sous le portique du temple enseignant le peuple. Ils virent un homme se prĂ©senter devant le SanhĂ©drin pour recevoir l'autoritĂ© de se rendre Ă  Damas persĂ©cuter les disciples de JĂ©sus-Christ. Son nom Ă©tait Saul de Tarse, pharisien et citoyen romain de naissance. Alors le sceau fut mis Ă  la prophĂ©tie. Lors de la conversion de Saul, nommĂ© Paul, sur le chemin de Damas, et malgrĂ© sa vue affaiblie par la lumiĂšre de la rĂ©vĂ©lation, il reçut l'ordre du Seigneur JĂ©sus-Christ d'amener le message de la grĂące et de la vĂ©ritĂ© Ă  toutes les nations. Paul avait Ă©tĂ© aveuglĂ© pour un temps et ses yeux en subirent des consĂ©quences, mais il voyait clairement la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ©, ayant mĂȘme Ă©tĂ© transportĂ© au troisiĂšme ciel dans une vision, oĂč il a vu et entendu des choses impossibles Ă  dĂ©crire avec des paroles humaines. Il nous en donne la connaissance graduellement afin que la lumiĂšre de la vĂ©ritĂ© ne cicatrise pas nos consciences par les merveilles de la gloire cĂ©leste. Les voyages de Paul le portĂšrent aux confins de l'empire romain La GrĂšce, Rome, l'Italie, la Gaule celtique, l'Espagne, la Grande Bretagne, et plusieurs autres endroits. Tous ne sont pas mentionnĂ©s, mais tous reçurent l'Évangile de la VĂ©ritĂ©. Avant de quitter ce monde, Paul avait dit Mon dĂ©part Ă©tait prĂ©vu, mais dans les temps Ă  venir un autre semblable Ă  moi me remplacera, sur lequel vous n'aurez aucune puissance. Il proclamera l'Évangile de la VĂ©ritĂ© au monde entier comme par le vol de l'aigle, puis aprĂšs viendra la fin. CHAPITRE 5 Or nous l'avons connu les merveilles de la lumiĂšre cĂ©leste par l'Esprit de grĂące et de vĂ©ritĂ© qu'il a mis en nous par le moyen de la foi qu'il nous a donnĂ©; et il a ouvert au milieu de nous sa connaissance dans le secret de sa sagesse, et la source de sa puissance. Nos yeux contemplĂšrent ses splendeurs, et nos cƓurs en furent illuminĂ©s. Ainsi, il nous donna l'intelligence pour raconter l'abondance de ses merveilles, pour qu'elles soient Ă©crites et transmises de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Ainsi prophĂ©tisa Énoch, le septiĂšme aprĂšs Adam "Je vous rĂ©vĂšle encore un autre mystĂšre Des livres de joie seront donnĂ©s aux justes et aux sages; et ils croiront en ces livres qui contiennent les rĂšgles de la sagesse". Énoch avait prĂ©vu la nĂ©cessitĂ© de ces choses, car le manque de connaissance engendre la destruction. Il faut donc recevoir et entendre la Parole de la vie, et garder la Parole de la persĂ©vĂ©rance. Ainsi la sagesse viendra dans nos cƓurs, et la connaissance fera les dĂ©lices de nos Ăąmes, car la rĂ©flexion veillera sur nous, et la prudence nous gardera. Alors nous serons des hommes nouveaux qui transmettront et qui enseigneront la vĂ©ritĂ© Ă  un monde aveugle; et nous serons les guides de l'Ăšre nouvelle du nouveau millĂ©naire, semant le blĂ© de la Parole avec conviction et avec humilitĂ© et avec joie. La tĂąche qui nous est assignĂ© est des plus importantes. Nous savons que notre cause est juste; allons d'avant sachant que nous avons un ministĂšre qui surpasse la lumiĂšre de la conscience. Mettons de cĂŽtĂ© les choses enfantines, et devenons des hommes Ă  la stature de Christ; car notre ministĂšre ne vient pas de la sagesse humaine, mais de la rĂ©vĂ©lation de l'Esprit des vivants, notre Souverain SuprĂȘme, notre Sauveur et notre Seigneur. L'aperçu de son message est l'Appel Ă  RenaĂźtre qui nous dirige pas Ă  pas du pĂ©chĂ© et du dĂ©sespoir, vers la plĂ©nitude de la prĂ©sence de Christ en nous, l'anticipation de la gloire. Cette assurance nous la possĂ©dons maintenant, et cette prĂ©sence nous fertilise afin que nous produisions le fruit d'un ministĂšre qui nous donne l'opportunitĂ© d'ĂȘtre une bĂ©nĂ©diction Ă  nos frĂšres, afin que notre existence ne soit pas en vain. Ceci est l'essence d'une nouvelle vie qui ne change pas selon les coutumes des hommes. Elle est divinement approuvĂ©e, car elle est le sceau de tous ceux qui sont appelĂ©s et dirigĂ©s de l'Esprit des vivants. Ainsi la victoire leur est assurĂ©, et le message de notre Roi, Emmanuel, sera dĂ©livrĂ©. Ne rĂ©sistons point Ă  cette grĂące par notre dĂ©sobĂ©issance, afin que celui qui a commencĂ© en nous cette bonne Ɠuvre la rendre parfaite, lorsque le Seigneur de gloire apparaĂźtra pour ĂȘtre glorifiĂ© en nous, et admirĂ© dans tous ceux qui auront cru; alors tout Ɠil le verra. C'est ainsi que s'accomplira la promesse de son avĂšnement. Or sur ces choses il fut Ă©crit anciennement dans l'antiquitĂ© Dans les derniers jours, la BĂȘte arrachera du milieu des douze la plante qu'ils auront Ă©levĂ©, et elle tombera entre ses mains. Et la plupart de ceux qui se seront rĂ©unis pour recevoir le BIEN-AIMÉ, se tourneront vers l'adversaire. Car au sujet du second avĂšnement de Christ, les disciples nĂ©gligeront la doctrine et altĂ©reront la foi. Et il y aura des disputes sur son premier et sur son dernier avĂšnement. Et il y aura des anciens qui seront iniques, et des pasteurs qui seront oppresseur de leurs propres troupeaux. Ils seront des rapaces qui nĂ©gligeront leurs devoirs les plus sacrĂ©s. Et beaucoup dans ces jours-lĂ  obtiendront par complots leurs charges, sans avoir la sagesse qui en rend digne. Ils seront des gardiens aveugles, sans intelligence. Ils seront tous des chiens muets, incapable d'aboyer. Ils seront des chiens voraces, insatiables. Ils seront des bergers qui ne savent rien comprendre. Tous suivront leur propre voie, chacun selon son intĂ©rĂȘt particulier, jusqu'au dernier. Ils jugeront pour des prĂ©sents, enseigneront pour un salaire, et prĂ©diront pour de l'argent. Et beaucoup Ă©changeront leurs nobles vĂȘtements de saints pour la robe de ceux qui ont des richesses. On fera acception des personnes, et l'on recherchera les hommes de ce monde. On vous dira Venez, je vais chercher du vin, et nous boirons des liqueurs fortes. Nous en ferons autant demain, et beaucoup plus encore. Et Il y aura des calomnies et des calomniateurs qui ne se rĂ©jouiront point de l'approche du Fils de l'Homme, et beaucoup seront privĂ©s des lumiĂšres de l'Esprit-Saint. Et il n'y aura dans ces jours, que peu de prĂ©dicateurs qui, en diffĂ©rents endroits, annonceront les grandes vĂ©ritĂ©s. Et cela Ă  cause de l'esprit d'ignominie et d'avarice qui inspirent ceux qui disent Devenez les esclaves de l'or et de ceux qui le possĂšdent. Et de grandes haines s'Ă©lĂšveront entre les pasteurs, des anciens et les disciples. Et la convoitise s'emparera de la plupart des cƓurs, et chacun ne parlera que des objets de son envie. On nĂ©gligera les oracles des saints prophĂštes, et ont se laissera aller aux bouillonnements de son cƓur. Telle est l'Ă©poque qui doit venir et qui maintenant est avec nous. Alors le moment vient et est dĂ©jĂ  Ă  la porte; la vengeance de l'Esprit des vivants, notre Souverain SuprĂȘme, est Ă  la main. Christ en nous, nous tĂ©moigne de cette vĂ©ritĂ©, sa colĂšre s'abattra sur la race humaine et aucun n'Ă©chappera. Le Fils de l'Homme apparaĂźtra de son trĂŽne royal dans le cƓur de ses Ă©lus, dans une flamme de feu; et il surgira de sa sainte habitation en eux, les transformant en sont image, et les unissant comme des pierres vivantes, en un Temple glorieux; rĂ©vĂ©lant au monde l'unitĂ© de son Corps; et toute Ɠil le verra. Car la lumiĂšre qui sortira de chacun d'eux sera si grande, que les cieux entiers ne pourront la contenir. Comme un feu vivifiant, elle inondera la terre et dissipera les tĂ©nĂšbres pour toujours. Et en un instant, dans un clin d'Ɠil, et la crĂ©ation entiĂšre sera changĂ©e. C'est ainsi que l'Époux aura reçu l'Épouse pour cĂ©lĂ©brer le banquet des noces de l'Agneau. Car ils entreront dans la chambre nuptiale pour l'Ă©panouissement Ă©ternel de la gloire divine, et l'exaltation suprĂȘme de l'unitĂ© cĂ©leste. Car il faut que la JĂ©rusalem terrestre du faux christianisme disparaisse pour qu'apparaisse la JĂ©rusalem cĂ©leste de la royautĂ© sublime, oĂč entrera seul ceux dont le nom est Ă©crit dans le Livre de vie de l'Agneau. Or nous savons que, lorsque cela sera manifestĂ©, nous serons semblables Ă  lui, parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espĂ©rance en lui ce purifie, comme lui-mĂȘme et pur. Puis l'Esprit dit Habitez en moi, dit le Seigneur, et j'habiterai en vous Ă  jamais; car JE SUIS, J'AIME et JE SAUVE tous ceux que j'ai choisi avant la fondation du monde selon le bon plaisir de ma volontĂ©. Grand est notre Seigneur et grande est sa puissance. RĂ©jouissez-vous et soyez dans l'allĂ©gresse, par la grĂące de notre Seigneur et notre Esprit des vivants et Souverain SuprĂȘme, JĂ©sus-Christ, Ă  qui convient toute gloire et toute louange, maintenant et dans tous les temps et Ă©ternellement. Moi, Ioannes Alaythia, je tĂ©moigne de ces choses par la grĂące qui m'est donnĂ©e en JĂ©sus-Christ. Shalom! Paix Ă  ceux qui lisent et Ă  ceux qui Ă©coutent, ainsi qu'Ă  leurs familles. Amen! TĂ©lĂ©charger l'application mobile Citation chercher la verite DĂ©couvrez une citation chercher la verite - un dicton, une parole, un bon mot, un proverbe, une citation ou phrase chercher la verite issus de livres, discours ou entretiens. Une SĂ©lection de 30 citations et proverbes sur le thĂšme chercher la verite. 30 citations > Citation de Thucydide n° 16071 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 467 votesLa vĂ©ritĂ©, c'est de chercher toujours la 1920 de Romain RollandRĂ©fĂ©rences de Romain Rolland - Biographie de Romain RollandPlus sur cette citation >> Citation de Romain Rolland n° 15047 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesDans le service de la vĂ©ritĂ©, il est plus important de la chercher que de l'avoir trouvĂ©e. de AndrĂ© SiegfriedRĂ©fĂ©rences de AndrĂ© Siegfried - Biographie de AndrĂ© SiegfriedPlus sur cette citation >> Citation de AndrĂ© Siegfried n° 11179 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesLe courage, c'est de chercher la vĂ©ritĂ© et de la Ă  la jeunesse prononcĂ© Ă  Albi en Juillet 1903 de Jean JaurĂšsRĂ©fĂ©rences de Jean JaurĂšs - Biographie de Jean JaurĂšsPlus sur cette citation >> Citation de Jean JaurĂšs n° 7618 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votesLe grand tort que nous avons, nous autres femmes, c'est, pour amant, de chercher toujours un homme que nous aimons, alors que la vĂ©ritĂ© serait d'en chercher un qui nous main passe ! de Georges FeydeauRĂ©fĂ©rences de Georges Feydeau - Biographie de Georges FeydeauPlus sur cette citation >> Citation de Georges Feydeau n° 6241 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 467 votesPour ceux qui vont chercher midi Ă  14 heures, la minute de vĂ©ritĂ© risque de se faire attendre Ă  moelle de Pierre DacRĂ©fĂ©rences de Pierre Dac - Biographie de Pierre DacPlus sur cette citation >> Citation de Pierre Dac n° 4974 - Ajouter Ă  mon carnet de citations Notez cette citation - Note moyenne sur 466 votes< 1Votre commentaire sur ces citations ThĂšmes populaires + Autres belles citations et proverbes sur chercher la verite Toutes les citations sur chercher la verite Citations chercher la verite Citation sur chercher Citations courtes chercher PoĂšmes chercher la verite Proverbes chercher la verite Etendez votre recherche avec le dictionnaire des dĂ©finitionsCitation et amour Citation sur l'amour Citation l'amitiĂ© Citation la vie Citation le bonheur Citation la femme citation le couple Citation la sagesse Ciation la tristesse Citation la mort Citation la nature Citation sur l'absence Citation le manque Citation l'enfance Age Animal AmitiĂ© Amour Art Avenir BeautĂ© Avoir Bonheur Conscience Couple Confiance Courage Culture DĂ©sir Dieu Education Enfant Espoir Etre Faire Famille Femme Guerre Homme Humour Jeunesse Joie Justice LibertĂ© Mariage MĂ©re Monde Morale Naissance Nature Paix Passion PĂšre Peur Plaisir Politique Raison Religion RĂȘve Richesse Sagesse Savoir Science SĂ©duction SociĂ©tĂ© Souffrance Sport Temps TolĂ©rance Travail VĂ©ritĂ© Vie Vieillesse Voyage

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